Cannes 2025 : les temps forts d’une édition marquée par la diversité et la nouveauté 

Le Festival de Cannes a rangé son tapis rouge samedi soir, après deux semaines de compétition marquées par le sacre du cinéaste iranien Jafar Panahi et un certain renouvellement de son palmarès. Deux films ovnis primés, une jeune actrice française qui crève l’écran, le flop du cinéma américain mais aussi le énième prix des frères Dardenne: retour sur cette 78e édition, dont la cérémonie de clôture a attiré jusqu’à 2,3 millions de téléspectateurs devant la chaîne de télévision France 2, soit moins que l’an passé (2,5 millions en moyenne). 

Appel à «la liberté» en Iran : En décernant la Palme d’or à «Un simple accident», le jury a sacré une oeuvre qui, par sa seule existence, défie les règles draconiennes imposées par la République islamique d’Iran. Le film a été tourné clandestinement par un dissident, ses principales actrices y apparaissent sans voile et il porte une dénonciation frontale des tortures infligées dans les prisons et de la corruption dans le pays. Après «Les Graines du figuier sauvage» de Mohammad Rasoulof, prix spécial en 2024, le festival confirme sa vocation à défendre le cinéma iranien de combat face à la censure et à offrir une puissante chambre d’écho aux dissidents. 

La révélation Nadia Melliti : Avant de prêter sa silhouette athlétique à «La petite dernière» d’Hafsia Herzi, elle n’avait jamais fait de théâtre ni de cinéma. A 23 ans, Nadia Melliti, repérée lors d’un casting sauvage, a reçu le prix d’interprétation féminine pour son rôle, incarné tout en délicatesse, de jeune femme musulmane découvrant son homosexualité. Nadia Melliti est elle-même issue d’une famille immigrée et poursuit des études dans une filière sportive. 

Flop américain : Les plus grandes stars du cinéma hollywoodien, dont Robert de Niro et Denzel Washington qui ont reçu des Palmes d’or d’honneur, ont fait briller les marches. Mais, dans les salles du palais des Festivals, les Américains ont fait un bide. Les grosses productions, comme «Eddington» d’Ari Aster avec Joaquin Phoenix ou «Die, My Love» de Lynne Ramsay avec Jennifer Lawrence, sont reparties les mains vides. Invité pour assurer le spectacle hors compétition, Tom Cruise n’a pas emballé la critique avec son «Mission: Impossible», présenté comme le dernier de la série mais pas le meilleur. Quant à «Highest 2 Lowest» de Spike Lee et avec Denzel Washington, c’est l’un des films les plus moqués par les critiques: «une croûte» pour Libération, un «nanar» pour Première. 

Deux «ovnis» : Deux films inclassables ont eu les faveurs du palmarès: «Sirat» du franco-espagnol Oliver Laxe, prix du jury, et «Résurrection» du Chinois Bi Gan, prix spécial. Epopée lunaire dans un décor à la «Mad Max», le premier saisit d’emblée le spectacteur: une rave party dans le désert marocain est interrompue par l’armée et quelques teufeurs s’échappent, avec un père de famille à la recherche de sa fille. S’ensuit une longue déambulation sous substances sur fond de guerre et d’Apocalypse. Le second est un hommage quasi-religieux à un siècle de 7ème art. Ce long-métrage poétique et sensoriel de 02H40, qui fourmille de trouvailles esthétiques et de plans-séquences, brosse l’histoire du cinéma au XXème siècle. Encensé comme «ovni» par la présidente du jury, Juliette Binoche, le film est totalement hermétique et prétentieux pour d’autres. Ceux-là pourront fermer les yeux pour se laisser bercer par la bande-son, signée du duo électro français M83.