Catherine Noyer, Directrice des affaires internationales de la TSR

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    TSR ( La Télévision Suisse Romande) est la chaîne généraliste romande leader de tous les publics cibles. Dans un pays où le taux de câblage est à 82% (86 chaînes en moyenne captées par les Romands), la concurrence est rude avec les chaînes françaises, dans cette partie à l’Ouest de la Suisse (Canton de Genève, du Jura, de Neuchâtel et de Vaud et une partie des cantons de Berne, de Fribourg et du Valais). Rencontre avec Catherine Noyer, la directrice des affaires internationales de la chaîne.

    média+ : Pouvez-vous nous présenter la TSR ?

    Catherine Noyer : La TSR est une chaîne de service publique qui s’inscrit dans un paysage audiovisuel Suisse particulier car multiculturel. On se sent souvent très proche de la RTBF (Belgique à cause des mêmes soucis de populations minoritaires) et de France 3 car nous sommes une chaîne dont la force est dans la proximité. Actuellement, on est dans un contexte sociétal qui fait que si l’une de ces communautés n’a pas «son» propre média de service public télévisuel, celle-ci perdrait une partie de son identité et se tournerait naturellement vers les télévisions d’un autre pays auquel elle peut se rattacher. En Suisse Romande, la première chaîne concurrente à la TSR est TF1. Nous fonctionnons comme une société anonyme (S.A) donc de droit privé. Nous sommes totalement indépendants de l’Etat. Nous avons un personnel fixe de 170 journalistes, 60 réalisateurs et de 55 JRI pour faire la chaîne. Notre budget est de 321 millions de CHF.

    média+ : Comment se présente la grille des programmes de la TSR ?

    Catherine Noyer : Notre ligne la plus forte est l’information, au travers de nos journaux télévisés et de nos magazines. Ces magazines d’infos qui sont notre point fort, nous en diffusons un différent du dimanche au jeudi après notre journal de 19h30. Ce sont nos Prime Time de la semaine, car en Suisse, les Prime Time commencent une heure plus tôt qu’en France (20h00). Pour vous en citer quelques uns, nous avons, le dimanche, le magazine d’actualité suisse «Mise au Point», le lundi c’est «TTC» le magazine économique, le mardi nous avons «A Bon Entendeur» le magazine des consommateurs qui existe depuis des décennies et qui est une réelle locomotive (souvent autour des 40% de pda), le mercredi, plusieurs magazines sont en roulement. Le jeudi, il y a «Temps Présents» l’un des plus vieux magazines d’info de la chaîne. Puis, le vendredi, c’est au tour des fictions maisons, le samedi c’est du divertissement. En terme d?audience 24/24, en 2007, TSR a réalisé 30,6% de pda. Sur les Prime Time (18h00-23h00), on réalise une moyenne annuelle de 36,2% de pda.

    média+ : Quels sont les genres de programmes qui fonctionnent ?

    Catherine Noyer : Les magazines, comme dit ci-dessus, fonctionnent vraiment très bien. Les séries fonctionnent très bien le vendredi soir. Comme en France, la fiction américaine est très demandée.Toutefois pour s’assurer de bonnes audiences il faut pouvoir les programmer avant que les Romands ne puissent les voir sur les chaînes françaises, sans quoi ce n?est pas la peine. Car en fait, les problèmes que vous connaissez en ce moment avec la TNT (atomisation et fragmentation des audiences) nous les connaissons depuis fort longtemps avec le câble. En ce moment nous réfléchissons à de nouveaux formats d’émissions à produire: les programmes courts. Cela apporterait de la nouveauté sur l’antenne.

    média+ : Comment le service public est-il financé ?

    Catherine Noyer : Nous sommes financés à hauteur de 70% par la redevance et à 30% par la publicité. Et cette dernière source de financement n’est pour l’instant par remise en question. Nous avons eu une nouvelle loi «Radio-TV» qui est passée l’année dernière, ce qui fait que durant ces dix prochaines années, rien de nouveau ne peut se passer. Toutefois, si cette loi n?était pas passée en 2007, il serait peut être question de suppression de la publicité, chez nous également. Le montant de la redevance TV est d’environ 360 CHF (223 euros environ). Mais généralement la population prend la redevance «Radio-TV» qui est de 462 CHF (286 euros).

    média+ : Où en est la convergence des médias en Suisse Romande ?

    Catherine Noyer : Nous sommes assez à la pointe dans le domaine du multimédia. Nous sommes à la fois dans l’hyper local et l’hyper mobile. Les magazines, par exemple, nous les produisons. Donc nous pouvons, sans problèmes de droit, les mettre sur le site Internet de la chaîne, une heure après l’antenne. Nous avons également un portail de la fiction qui est très actif: tout le monde peut y mettre des vidéos, des courts métrages où nous organisons des concours. Pour l’info, les rédacteurs web sont totalement intégrés à la rédaction traditionnelle. Le magazine «Géopolitis» a d’abord été développé sur Internet avant de venir à l’antenne en septembre prochain. Pour la TNT, elle est arrivée mais elle ne change rien pour nous car le taux de câblage est très fort et donc n’apporte pas de révolution. Pour la TMP, elle arrive à petits pas à travers d?autres concurrents. Mais c’est totalement notre cible: nous déclinerons tous nos magazines en fonction du support. La réflexion est systématique.