Cession d’un centre d’appel de Free: les syndicats de Mobipel saisissent la justice

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Les syndicats de Mobipel, un centre d’appel appartenant à Iliad, société mère de l’opérateur Free, ont saisi la justice pour suspendre le projet de cession de leur entreprise, engagée selon eux «pour des considérations illicites», a-t-on appris lundi de sources syndicales. Le comité d’établissement de la société et deux organisations syndicales ont assigné la société Mobipel et son actionnaire devant le juge des référés (en urgence): une audience est prévue mercredi à 14h00 au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Évoquant une «obstruction faite à l’exercice tant du droit de grève que du droit syndical et de la liberté d’expression», les syndicats demandent la suspension du projet de cession au groupe Comdata de ce centre d’assistance téléphonique pour les abonnés Free situé à Colombes (Hauts-de-Seine), prévue pour le 8 juin 2018. Au moment de l’annonce du projet, début mars, il avait été spécifié que la cession ne devait pas entraîner un «changement d’employeur» mais «un simple changement d’actionnaire», selon un document transmis aux syndicats. Le projet y était justifié par la volonté de rapprochement avec le groupe Comdata, qui pourrait assurer à l’avenir une partie de la relation client d’Iliad en Italie. Selon le CE, il s’agit en réalité d’une manière de «se séparer» du centre «pour des considérations illicites et étrangères à toute motivation stratégique et financière». «Les salariés sont aujourd’hui sanctionnés pour leurs prises de position et l’impact médiatique suscité par les décisions illicites de l’entreprise, impact médiatique avec lequel Free ne veut/peut plus composer», affirme le CE dans l’assignation. La situation de ce centre avait été pointée du doigt par l’émission «Cash investigation» en septembre dernier. Le magazine y avait noté les nombreux licenciements pour faute grave intervenus après un débrayage organisé en 2014 pour de meilleures conditions de travail.En février, un rapport d’experts commandé par le CE avait relevé «une logique de compression des effectifs non assumée». Entre juin 2014 et septembre 2017, ils ont été réduits de 60% (de 711 à 287 salariés), et ce notamment suite à «des licenciements disciplinaires massifs», indiquait le rapport. Une autre procédure au fond, qui prendra plusieurs mois, a été engagée pour trancher sur le caractère licite ou non du plan de cession.