En fermant une télévision privée jugée trop critique envers son régime, le président vénézuélien Hugo Chavez a déchaîné un mouvement de protestation populaire, relayé au nom de la liberté de la presse par plusieurs associations internationales de défense des médias. A peine trois semaines après sa réélection triomphale en décembre, le tonitruant dirigeant socialiste, au pouvoir depuis 1999, a annoncé qu’il mettrait fin à la licence de Radio Caracas Television (RCTV), en vigueur jusqu’au 27 mai. «Il n’y aura pas de nouvelle concession pour cette chaîne de télévision putschiste qui s’appelle Radio Caracas Television», a lancé cet ancien officier, vêtu de son uniforme vert olive, lors d’un discours devant l’armée. Le pouvoir ne pardonne pas à la chaîne d’avoir retransmis des défilés de mode ou des dessins animés lors du coup d’Etat avorté en 2002 contre M. Chavez et l’accuse d’avoir incité la population à se joindre à la grande grève pétrolière de 2003 qui paralysa le pays plusieurs mois. Répondant au chef de l’Etat qui a dénoncé «une campagne mondiale contre le gouvernement», le directeur général de RCTV Marcel Granier a affirmé que «tous les arguments du président ont un caractère politique», appelant la justice à trancher. «Que le gouvernement présente les preuves, au lieu de lancer des accusations sans rien démontrer», estime M. Granier qui a dénoncé auprès de l’Organisation des Etats Américains et du parlement européen ce qu’il considère comme un coup porté au «journalisme indépendant». La fermeture de cette télévision très populaire pour ses programmes d’humour et de divertissements comme ses telenovelas a fait descendre samedi dans la rue des milliers de personnes à Caracas.