«Propos susceptibles de tomber sous le coup de la loi», «manquement à l’honnêteté»: l’émission de CNews «Face à l’info», où intervient Eric Zemmour, ne «peut pas continuer à être diffusée dans sa forme actuelle», estime le comité d’éthique du groupe Canal+ dans une délibération.
Fin septembre, Eric Zemmour, pilier de la chaîne CNews, avait affirmé dans «Face à l’info» que «tous» les mineurs migrants sont «voleurs», «assassins» et «violeurs».
Il avait, selon le comité, atténué «ses propos en fin d’émission à la suite de la réaction de la présentatrice» Christine Kelly – dont l’attitude est jugée «irréprochable» -, mais sans «manifester de regret».
Le comité, qui avait été saisi dans la foulée par la direction du groupe Canal+, a dénoncé un «manquement à l’honnêteté» et l»outrance» des déclarations du polémiste, qui «contreviennent à la charte déontologique du groupe», selon la délibération révélée par le Parisien.
Pour le comité d’éthique, c’est «la conception même de cette émission» d’actualité, diffusée «quotidiennement à une heure de grande écoute», qui «doit être revue».
D’une part, pour l’ouvrir «davantage à la diversité des opinions» et à la contradiction, «ce que ne permet pas son organisation actuelle autour d’un éditorialiste vedette».
D’autre part, pour garantir qu’y seront «bannis les propos susceptibles de tomber sous le coup de la loi» ou «attentatoires au respect des personnes», ainsi que «les prises de positions provocatrices ou délibérément contraires à la vérité».Contactée, la direction du groupe Canal+, qui entend garder Eric Zemmour, a indiqué être dans «la réflexion quant à l’évolution du format», selon elle «pas remis en cause en tant que tel».
Il y a un an presque jour pour jour, le comité d’éthique avait recommandé à CNews de pré-enregistrer l’émission pour la diffuser avec un différé même léger, afin d’empêcher les dérapages en direct.
Une mesure retenue par la chaîne, mais qui s’avère inefficace, la direction de CNews n’ayant pas supprimé les propos d’Eric Zemmour sur les mineurs isolés, souligne le comité.
Ces propos ont été condamnés par le syndicat autonome +Libres, première organisation syndicale du groupe Canal+, et par la société des rédacteurs de CNews.
Plusieurs plaintes ont en outre été déposées contre le polémiste, le parquet de Paris ayant décidé le 1er octobre d’ouvrir une enquête à son encontre, notamment pour «provocation à la haine raciale».