Surveiller le déroulement de la campagne présidentielle à court terme, réguler le futur paysage audiovisuel français, en pleine mutation numérique à long terme, sont les deux tâches prioritaires du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), dont le président Dominique Baudis a achevé hier son mandat.
Le 7 novembre 2006, le CSA rendait publique une recommandation qui affinait encore les obligations généralement imposées aux radios et aux télévisions pour la répartition du temps de parole et du temps d’antenne des forces politiques et des candidats. Sur la base de l’équité jusqu’au 20 mars, de l’égalité ensuite, le CSA doit veiller scrupuleusement à une juste répartition des temps de parole des candidats ainsi que du temps que leurs consacrent les différentes antennes. «Chacun souhaite un traitement équitable de la campagne électorale», déclarait le 11 janvier Dominique Baudis à l’occasion de ses derniers voeux. Le rôle du Conseil, rappelait-il, consiste «à mesurer et à rendre public les temps de parole et d’antenne attribuées aux uns et aux autres et, le cas échéant, à formuler des observations». Ce rôle d’arbitre s’est révélé d’autant plus crucial que l’un des protagonistes, le centriste François Bayrou, a attaqué frontalement la chaîne TF1, accusée de donner trop de temps aux deux candidats les mieux placés, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Le CSA a d’ailleurs dénoncé l’excés de «bipolarisation» dans les médias. La place des centristes dans le débat, qui avait déjà posé des problèmes en 2006 en dehors de la période électorale, a conduit le Conseil à envisager une réforme de son principe de base: un tiers du temps au gouvernement, un tiers à la majorité, un tiers à l’opposition. Des consultations pour une révision de ce principe ont commencé, mais cette révision ne s’appliquera qu’après les élections de 2007.
Autre volet de l’action du CSA, le déploiement de la télévision numérique, avec ses formes modernes: haute définition, mobilité, télévisions locales.Baptisé projet de loi «relatif à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et à la télévision du futur», un texte adopté par le Sénat et discuté à partir du 30 janvier à l’Assemblée organise le basculement de la diffusion analogique au numérique et le déploiement de la télévision haute définition, de la télévision «mobile personnelle» (reçue sur l’écran du téléphone portable ou d’un récepteur de poche) et des télévisions locales. Le CSA devra veiller à l’application de cette loi, en organisant notamment le déploiement progressif de la TNT sur 80 à 85% du territoire, jusqu’à la fin 2007. Ce sera ensuite le tour de la radio numérique. Il devra également affecter des fréquences aux opérateurs. Des consultations sont déjà lancées sur les critères à mettre en oeuvre, en préalable aux appels de candidature. Dans ce domaine, le Conseil doit faire face à l’irruption des opérateurs de télécommunication, qui concurrencent désormais les opérateurs classiques. Les opérateurs de télécommunications disposent de leur propre autorité de régulation, l’ARCEP (Autorité de régulation des communications et de la poste), qui menace de concurrencer le CSA dans ses tâches. «Le travail ne manquera pas pour nos successeurs», a lancé M. Baudis le 11 janvier, évoquant son départ et celui, concomitant, de deux des neuf membres du Conseil, Philippe Levrier et Francis Beck. Les noms de leurs successeurs doivent être dévoilés aujourd’hui.