Le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau a écrit au président Emmanuel Macron pour lui demander des «garanties d’efficacité et de liberté» s’il décidait d’utiliser une application de suivi numérique de la population pour lutter contre l’épidémie de coronavirus.
«Il me paraît indispensable que vous apportiez à nos compatriotes (des) garanties d’efficacité et de liberté auxquelles ils ont droit après tant d’efforts consentis» avec le confinement, affirme le sénateur de Vendée dans un courrier daté de mercredi et rendu public jeudi. «Il revient au gouvernement d’apporter la preuve scientifique qu’une telle application sera un atout décisif dans la lutte contre le virus», détaille l’élu, qui demande notamment: «à partir de quel pourcentage de la population, qui aura fait librement le choix de télécharger l’application, les résultats seront-ils probants».
Mais cette stratégie «sera inutile si, parallèlement, un dépistage massif et le port généralisé du masque ne sont pas garantis», prévient-il. Sur le volet «liberté», M. Retailleau pose quatre conditions: que l’application soit limitée dans le temps ou ne soit reconduite qu’après «un vote solennel du Parlement», et que l’anonymat des usagers soit «impérativement garanti» au nom du secret médical. Le sénateur demande aussi de la «transparence»: «le code source de l’application devra être accessible à la communauté numérique et son hébergement réalisé chez un prestataire agréé par l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, ndlr) comme «cloud souverain»». Il souhaite enfin un «contrôle indépendant, transparent et permanent» de l’application, avec la création d’un «conseil de suivi démocratique» de parlementaires, magistrats et professionnels du numérique, doté de «moyens conséquents».
Dans un entretien au «Monde» mercredi, le ministre de la Santé Olivier Véran et le secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O ont expliqué que le gouvernement travaillait à un projet d’application baptisé «StopCovid» qui permettrait d’identifier les «chaînes de transmission» du virus tout en étant respectueuse de la vie privée et des libertés individuelles.
La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a précisé jeudi sur franceinfo que le gouvernement était en «phase exploratoire» et que l’application envisagée «ne peut être que sur la base du volontariat, d’une anonymisation des données et d’une conservation vraiment temporaire des données».