Une faille sur un site transmettant les résultats de tests Covid réalisés en pharmacie vers la plateforme gouvernementale a rendu accessible les données personnelles et les résultats de tests de milliers de personnes, a révélé mardi Mediapart.
Les noms, prénoms, dates de naissance, adresses, numéros de téléphone, numéros de sécurité sociale et adresse e-mail, ainsi que le résultat des tests de 700.000 personnes étaient disponibles jusqu’à vendredi grâce à «un mot de passe trouvable, en clair, dans un dossier accessible à tous» sur le site de Francetest, écrit le site d’information. Francetest est une société fondée en janvier dernier qui s’est spécialisée dans le transfert de données de tests Covid réalisés en pharmacie vers la plateforme SI-DEP.
Le SI-DEP (système d’informations de dépistage) est une plateforme sécurisée où sont systématiquement enregistrés les résultats de tests Covid-19 afin «de s’assurer que tous les cas positifs sont bien pris en charge» et d’identifier les cas contacts, explique le ministère de la Santé sur son site.
Cette plateforme, «fabriquée par l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) en urgence en décembre (…) n’est pas très ergonomique», explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Résultat: nombre de pharmaciens ont recours à des intermédiaires pour rentrer les résultats des tests réalisés dans le SI-DEP. Francetest facture ainsi un euro par transmission, d’après Mediapart.
Dimanche, la Direction générale de la santé (DGS) a envoyé un mail aux pharmaciens pour leur rappeler les logiciels agréés et compatibles avec le SI-DEP, dont Francetest ne fait pas partie.
«Ça fait des semaines et des semaines que nous alertons les autorités sur ces sociétés qui se présentent comme labellisées et facilitent la tâche des pharmaciens pour aller sur le SI-DEP», rappelle Philippe Besset.
«Nous avons absolument besoin que les autorités nous fournissent un outil permettant de transmettre les données au SI-DEP avec notre logiciel métier, qui est sûr et agréé», a-t-il insisté, précisant que même les logiciels autorisés par la DGS n’étaient pas suffisamment sécurisés.
Informée par un «signalement anonyme», la Cnil, gendarme français des données personnelles, a indiqué avoir lancé des investigations. La société Francetest n’était de son côté pas joignable dans l’immédiat.