D. LUMBROSO (Degel Prod) : «Les émissions de variétés constituent une part importante de notre culture»

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Depuis bientôt vingt ans, Degel Prod s’impose dans la production de programmes de variétés à la télévision. L’occasion de faire un point avec sa directrice générale, Daniela Lumbroso.

MEDIA +

Quelle vision anime votre stratégie de production actuelle chez Degel Prod ?

Daniela LUMBROSO

La production d’émissions de variétés est notre marque de fabrique. Notre tout premier programme, produit en 2005, était «La fête de la chanson française» pour France Télévisions. Cette émission perdure, avec une nouvelle édition prévue pour octobre 2024. Il y a toujours une vraie demande du public autour de la chanson française qui reste une particularité de notre pays en Europe. En effet, de nombreux pays européens n’ont pas de répertoire musical dans leur propre langue. Cette particularité est préservée chez nous, en partie grâce aux quotas de diffusion instaurés par Jack Lang, témoignant d’une appétence toujours vive du public.

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La chanson française a aussi une résonance régionale, d’où votre émission : «Le grand concert des régions» pour France 3. Quelle est l’origine du projet ?

Daniela LUMBROSO

Quand on parle de région, on ne réalise pas à quel point la plupart de nos talents reconnus à l’échelle nationale sont originaires de toute la France. Il y a aussi de très grands artistes qui remplissent parfois des Zéniths et des grandes salles, mais qui ne sont pas nécessairement connus du grand public. L’idée est donc d’arborer avec fierté les talents qui viennent des régions. A l’origine, le concept proposé s’intitulait «Le grand concert du sud». C’est Alexandra Redde Amiel, directrice des divertissements de France Télévisions qui a eu la brillante idée de transformer cela en «Grand concert des régions», avec pour objectif de décliner le concept à travers toute la France. La première émission «Ici, c’est Aix-en-Provence» sera diffusée le 17 mai sur France 3, et nous avons déjà enregistré une deuxième émission «Ici c’est le sud», qui sera diffusée à la rentrée.

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Comment l’émission se distingue-t-elle des autres programmes de variétés ?

Daniela LUMBROSO

«Le grand concert des régions» se différencie d’abord par son contenu. C’est un grand show régional multi-artistes qui réunit plus de 5.000 spectateurs dans l’Arena d’Aix-en-Provence. On se plaint parfois de voir toujours les mêmes invités dans les variétés. Cette fois-ci, il y aura évidemment des valeurs sûres comme Patrick Bruel, Patrick Fiori, Amir, Marina Kaye, Chico et Les Gypsies, Chimène Badi… Mais à côté de ces stars, de grands artistes moins connus par le public des variétés seront valorisés (Deluxe, Jeck, Spectaculart, La Compagnie Preljocaj…). Cette diversité contribue à renouveler l’offre culturelle et à présenter un éventail plus large de talents.

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Quel impact culturel espérez-vous avoir avec «Le grand concert des régions» ?

Daniela LUMBROSO

Je revendique l’appartenance de la chanson française à notre culture. Il est temps de dépasser les clivages entre art mineur et art majeur, car la chanson française est une forme de culture qui fédère et se partage largement. Elle transcende les origines et les communautés. En parlant de culture, notre émission intègre un tableau de ballet réalisé par la Compagnie Angelin Preljocaj, basée à Aix et reconnue internationalement. Cette collaboration a nécessité des standards élevés en termes d’éclairage et de réalisation, des critères que nous avons relevés. Cette fusion des arts dans notre production souligne notre engagement à présenter la culture sous toutes ses formes.

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Quels sont les principaux défis rencontrés dans cette production ?

Daniela LUMBROSO

Produire une émission de cette envergure est assez difficile pour plusieurs raisons. D’abord, il y a environ 200 personnes impliquées dans le projet, dont 150 que nous devons amener sur place. La logistique requise pour coordonner une telle équipe est colossale. En plus de cela, nous devons intégrer un plan Vigipirate renforcé, ce qui ajoute une couche supplémentaire de complexité en termes de sécurité. Ces éléments combinés nécessitent une planification méticuleuse et une exécution précise pour assurer le succès de l’événement.

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Comment voyez-vous l’évolution du genre des variétés en France aujourd’hui ?

Daniela LUMBROSO

Il est essentiel de reconnaître que les émissions de variétés constituent une part importante de notre culture, et non simplement une forme de divertissement. Il devrait y avoir une volonté politique, comparable à celle qui protège la fiction, le documentaire ou l’animation, pour préserver et soutenir ce genre par des mesures spécifiques. Actuellement, le divertissement télévisuel tend à se polariser entre la téléréalité et les jeux télévisés, négligeant souvent les domaines artistiques plus substantiels comme la chanson. Je trouve surprenant que la chanson, qui est indéniablement une expression artistique riche, ne soit pas incluse dans les quotas culturels imposés à la télévision. Ce genre mériterait une protection et une valorisation accrues pour maintenir sa place et son impact au sein du paysage culturel télévisuel.

 

LES DIRIGEANTS

D. Lumbroso

DG

COORDONNEES
40 Rue de l’Est
Boulogne-Billancourt 

DATE DE CREATION
2005

PRODUCTIONS
«La fête de la chanson française», «Le grand concert des régions», «La fête de la chanson à l’orientale»…