E. MINC (Banijay Entertainment) : «Produire de façon plus responsable ne signifie pas forcément produire plus cher»

Alors que le secteur de l’audiovisuel et du cinéma émet 1,7 million de tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année, Banijay Entertainment a entrepris il y a plusieurs années une démarche d’écoproduction. L’occasion pour media+ d’évoquer la feuille de route avec Edouard MINC, Directeur RSE chez Banijay Entertainment et Chloé ROSSIGNOL, Responsable RSE chez LOV Group.

media+ Quelle est la place de la RSE chez Banijay Entertainment ?

Edouard MINC Notre engagement RSE est un sujet qui existe depuis longtemps chez Banijay Entertainment, normalisé depuis deux ans par un poste fonctionnel. Dans l’ensemble des territoires où nous sommes présents, des initiatives sont mises en place afin de promouvoir le développement durable, l’inclusion, et l’égalité des chances. Le sujet est de structurer et organiser cette démarche, ensemble, au niveau du Groupe. Notre ambition est de rendre nos productions Flux et Fictions plus vertueuses.

media+ Quelles sont les actions mises en place pour une meilleure écoproduction de vos formats ?

Chloé ROSSIGNOL En France, nous travaillons activement avec Écoprod, depuis quatre ans. Nous formons nos équipes à l’utilisation de leurs outils. Certaines productions travaillent à obtenir le label Ecoprod, qui permet de certifier qu’une œuvre a été produite de manière éco-responsable. Ces derniers mois, «Marie-Antoinette : L’Affaire du Collier» ou la saison 8 de «Sam» ont été labellisées, nous en sommes fiers.  Côté Flux, nous avançons. Ce n’est pas plus compliqué, mais ce n’est pas encore une obligation. Chaque fois que c’est possible, nos programmes s’engagent à appliquer le maximum de critères du label.

media+ Banijay Entertainment opère à l’international. Comment travaillez-vous avec ces autres entités ?

Edouard MINC D’autres pays ont leur propre version d’ÉcoProd, comme Albert au Royaume-Uni. De notre côté, nous avons une équipe centrale qui travaille avec les créatifs et les producteurs de nos formats. Elle a notamment développé un Green Guide pour accompagner l’ensemble de nos producteurs pour engager, ensemble, une meilleure écoproduction de nos formats. Que ce soit la gestion des décors, le traitement des déchets ou encore l’utilisation de l’énergie…nous partagerons ensemble les bonnes pratiques. Enfin, nous travaillons avec l’ensemble des pays et des filiales pour engager la stratégie de décarbonisation de Banijay Entertainment.

media+ Financièrement, est-ce une démarche coûteuse pour Banijay ?

Edouard MINC Produire de façon plus responsable ne signifie pas forcément produire plus cher. Il y a des leviers de décarbonisation qui nécessitent, certes, un investissement. mais il y a d’autres leviers qui permettent d’économiser de l’argent. Retravailler sur la logistique ou les repas ne demande pas un budget particulier, mais cela a un impact considérable sur l’éco-responsabilité des tournages. Sur la série «Marie-Antoinette», nous avons ainsi recyclé plus de 7 tonnes de décors !

media+ Qu’en est-il de l’accessibilité des jeunes pour les métiers de la production audiovisuelle ?

Chloé ROSSIGNOL Banijay France s’engage pour l’égalité des chances. Depuis 2023, le groupe apporte son soutien opérationnel à la Classe Alpha de l’INA, une formation gratuite, et sans condition de diplôme, pour les 17-25 ans. Les étudiants viennent sur les tournages et rencontrent les producteurs et les talents Banijay France. Grâce au soutien financier du fonds de dotation Banijay Group, Banijay France est devenu le premier mécène privé de ce dispositif inclusif. Avec Alexia Laroche-Joubert, nous avons initié la même démarche auprès de La Cité Européenne des Scénaristes, une structure pour les jeunes qui se tournent vers l’écriture. Au niveau du Banijay Entertainment, nous avons créé «TV Content Creation and Innovation», un cursus unique à Cannes initié avec Université Côte d’Azur qui forme des étudiants français et internationaux à la création de nouveaux formats TV.

media+ En interne, quelles sont les actions sur le plan social ?

Edouard MINC La formation est un sujet international, mais surtout local. D’un pays à un autre, les leviers ne sont pas les mêmes, tout comme la culture. Au niveau du Groupe, nous avons mis en place des groupes d’affinité qui se rassemblent virtuellement autour d’une thématique pour échanger et créer des initiatives nouvelles pour une meilleure prise en compte de certains sujets, notamment autour de la place des femmes, la représentation des minorités, des personnes LGBT+, mais aussi de la parentalité ou l’environnement. Ces groupes contribuent à façonner notre culture et veillent à ce que les collaborateurs se sentent représentés et écoutés au sein du groupe.