E. NAULLEAU : «La culture est un sujet de débat par excellence»

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Critique littéraire, éditeur, polémiste et présentateur, Eric Naulleau anime chaque samedi son talk-show culturel «De quoi je me mêle» sur C8. En plus de ses interventions dans «Balance ton post» et «Touche pas à mon poste», il revient pour nous, sur son actualité.

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Parler de culture à la télévision, c’est contraignant ?

Éric NAULLEAU

Oui, ça peut l’être ! Le traitement de la culture à la télévision se fait généralement sur le mode de la promotion. Mais ce n’est pas la promesse du programme «De quoi je me mêle» sur C8 que nous avons construit sous forme de débats. Tout le monde n’est pas prêt à supporter la critique, ni la contradiction dans le milieu culturel. On a toujours l’impression de faire un blasphème quand on sort de la voie promotionnelle. La culture est un sujet de débat par excellence. Il suffit d’écouter les réactions à la sortie d’une pièce de théâtre ou d’un cinéma.

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Rendre la culture ludique et attractive, c’est un pari pour vous ?

Éric NAULLEAU

C’est l’une de mes ambitions. J’essaie de faire tomber le mur entre une culture élitiste et le grand public. Tout le monde a le droit à la grande culture. Il suffit juste de trouver la bonne manière d’en parler. Aujourd’hui en France, il y a encore des gens qui hésitent à entrer dans des librairies, à voir un film d’auteur ou même à assister à une représentation de la Comédie Française. Les grandes œuvres sont pour tout le monde.

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Rêvez-vous d’un monde sans polémiques ?

Éric NAULLEAU

Oui, je m’en éloigne. La polémique prend un peu trop de place dans la société. Avant, il y avait une polémique par mois, puis une par semaine. Aujourd’hui, on en a une le matin, une le midi et une le soir. Ces controverses sont parfois créées de manière un peu artificielle. La polémique, c’est un peu la maladie du débat. Mais au moins, les gens disent ce qu’ils pensent. C’est toujours mieux que de laisser des opinions s’exprimer de manière clandestine.

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En tant que littéraire, vous regardez la télévision ?

Éric NAULLEAU

Je regarde les chaînes d’info mais aussi des émissions comme «La Grande Librairie» (France 5). Je suis également sérievore. Depuis peu, je me suis lancé sur Netflix et ça aggrave ma dépendance. Il y a une telle générosité de propositions en matière de séries qu’il est difficile de passer outre. Je me suis laissé le temps d’écrire mon premier roman, «Ruse», qui paraitra début avril aux éditions Albin Michel. C’est un mélange de polar et d’histoire d’amour.

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Faire de la télé, ça vous amuse ?

Éric NAULLEAU

Bien entendu ! Mais c’est une expérience très inattendue dans mon parcours. Je suis rentré par hasard à la télévision. Des gens de Paris Première m’avaient repéré quand je défendais un livre que j’avais écrit. Ils m’ont proposé «Ça balance à Paris», d’abord en tant que chroniqueur, puis en tant qu’animateur. C’est une bifurcation totalement inattendue de mon destin. Aujourd’hui, entre «Zemmour et Naulleau», «Touche pas à mon poste», «De quoi je me mêle» et «Balance ton post», je fais des choses très différentes. Cela correspond à un véritable éclectisme chez moi. J’aime autant lire Proust que regarder un match de football.