Emily Blaine avait imaginé dans son roman «Dear You» un mâle alpha, homme d’affaires ténébreux. Dans l’adaptation en série une douzaine d’années plus tard, ce héros a changé, plus timide, moins séducteur. «Ravie et fière d’être la première autrice française de romance adaptée en série», clame l’autrice dans la présentation à la presse de la série «Dear You». Repérée à l’origine par les Éditions Harlequin, qui la publient sous la marque &H, elle détonne, à 43 ans, face aux autres grandes vendeuses du genre: Morgane Moncomble qui en a 29, ou Sarah Rivens, 25 ans. «Ce qui me fait rire, c’est qu’elles sont toutes plus jeunes. J’ai l’impression d’être la daronne de la romance. La vétérane», plaisante Emily Blaine. Elle ne donne pas son vrai nom, pour préserver celui de son mari, qui est militaire. Les 15 épisodes de 22 minutes sont diffusés sur Prime Video à partir de vendredi. Le scénario est «d’après» le livre du même nom en trois tomes, sortis de 2013 à 2016.
«Pas grand, ni brun» : Entre le roman et son adaptation, les différences sont si vastes que certains fans ne s’y retrouveront peut-être pas. À la radio Mouv’, l’actrice principale, Carla Poquin, avouait ne pas avoir lu le livre. «J’y ai pensé, mais on nous a suggéré de ne pas le faire avant le tournage», révélait-elle. «C’est une adaptation, il y a quand même des différences notables». Le magnat des médias californien Andrew Blake, qui cultive une image de businessman impitoyable et le mystère sur sa vie privée, est devenu Alexandre Blake, Parisien patron de start-up pas très sûr de lui. «Le livre, qui avait 10 ou 12 ans, avait un peu vieilli. Entre sa sortie et aujourd’hui, il y a #Metoo qui est passé par là. Il fallait revoir comment la relation amoureuse se développe», commente Emily Blaine. Car elle est inégale, se nouant entre un client VIP d’hôtel de luxe et la jeune responsable des relations avec la clientèle. «C’est l’une des premières choses qu’on a passées en revue avec les producteurs: ce personnage masculin, qui est dominant, old school, très confiant», d’après sa créatrice. «Dans mon imaginaire le héros était grand, brun, ténébreux. Là il n’est pas grand, ni brun». La série, loin d’idéaliser les sentiments comme dans la romance Harlequin traditionnelle, vise un public de moins de 30 ans qui dans les relations amoureuses ne transige pas avec le consentement.
«Gardiennes du temple» : Et l’acteur qui incarne «Alex», Louka Meliava, fluet, traînant partout avec lui une certaine gêne de «geek», joue sur la gaucherie de son personnage, qui va attendrir Alma. Dans le roman «Dear You», le schéma est plus archétypal: elle va découvrir les failles sous l’armure de ce héros aux épaules larges, à qui tout réussit en apparence, mais qui est brisé à l’intérieur. Ce roman ressort en un volume, édition «collector», le 12 février. Après avoir vu les critiques essuyées par Mélissa Da Costa, l’autrice qui vend le plus de livres en France, sur les infidélités de l’adaptation par TF1 et Netflix de son roman «Tout le bleu du ciel», Emily Blaine s’attend aussi aux critiques. «Ça m’arrivera. Il y a celles que j’appelle les gardiennes du temple, qui veulent un copié-collé, pour lesquelles il faudrait qu’Andrew ait vraiment les yeux verts, la mèche comme ça… Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, il y aura des déçus», estime-t-elle.