Entretien avec … Georges Marque-Bouaret, délégué général du Figra

    Le Festival International du Grand Reportage d’Actualité (Figra) prendra place au Touquet, du 26 au 30 mars. Cette année, cette manifestation fête ses 15 ans. L’occasion pour Georges Marque-Bouaret, délégué général du festival, et toutes son équipe d’y ajouter quelques nouveautés et de nous parler du contexte actuel dans lequel s’inscrit le reportage. Rencontre…

    média + : Pouvez-vous nous présenter le Figra 2008?

    Georges Marque-Bouaret : Pour l’édition 2008, nous avons souhaité lui donner quelques variantes notamment avec une nouvelle section, «Terre d’histoire», dans la compétition internationale du grand reportage. Cette dernière met en avant le fait historique et a été crée pour ce 15ème anniversaire. Notre souhait est qu’elle perdure. Nous avons aussi ajouté un coup de pouce aux jeunes réalisateurs. Ils présenteront des documents, non pas filmés, mais écrits. Nous en avons choisi 5 qui seront examinés par un jury de professionnels, présidé par Daniel Leconte. Sinon, 23 films sont en compétition, 13 en «Autrement vu» et 8 dans la section «Terre d’histoire».

    média + : Combien coûte le festival ?

    Georges Marque-Bouaret : Nous sommes à 360 000 euros confortés entre les partenariats et les subventions publiques.

    média + : En 2007, un tiers des reportages étaient présentés par des producteurs étrangers. Y’aura-t-il la même proportion cette année?

    Georges Marque-Bouaret : Cette année il y en a presque la moitié puisque nous avons 9 films étrangers. 16 pays se sont inscrits ce qui représente 70 films en présélection. Le Figra veut en effet se tourner vers l’international.

    média + : On assiste aujourd’hui à l’émergence du docu-fiction et du format court. Est-ce que ce sont des formats qui ont leur place au Figra ?

    Georges Marque-Bouaret : Non, ce n’est pas notre secteur. Le docu-fiction aurait eu sa place dans la section cinéma du Figra mais elle a disparu de la programmation.

    média + : Déplorez-vous l’absence de représentation du documentaire à la télévision ?

    Georges Marque-Bouaret : Je déplore surtout le fait que ce genre de programmes soit diffusé trop tardivement, vers 23h00. Or, à cette heure-là, beaucoup de gens dorment.

    média + : Pensez-vous que la suppression de la publicité sur les chaînes publiques entraînera une meilleure exposition du documentaire?

    Georges Marque-Bouaret : C’est un rêve partagé par beaucoup de monde. La publicité est source de conflits. Les chaînes publiques sombrent car elles n’ont pas les moyens de rivaliser avec les chaînes privées. Sans la publicité, les chaînes ne seront pas vouées à courir après l’audience, donc l’audace l’emportera. Quand je dis l’audace, c’est oser cette programmation de films à des heures «grand public». Mais supprimer la publicité des écrans publics est une bonne chose pour les téléspectateurs à condition que les sommes engendrées par la publicité soient remplacées par de l’argent public. Je me dis que l’Etat va compenser 1 euro de publicité par 1 euro provenant de fonds publics. C’est une bonne chose mais est ce que les promesses seront tenues? Ou se servira-t-on de cela pour étrangler le service public? Si la télévision publique ne retrouve pas un taux de financement suffisamment élevé, on peut d’ores et déjà considérer qu’elle est morte !