Entretien avec … Serge Moati, Président de Jury de la 10ème édition du Festival de la Fiction TV de la Rochelle

    En tant que Président de Jury de la dixième édition du Festival de la Fiction TV de La Rochelle, Serge Moati nous donne son avis sur ce genre tant aimé en France.

    média+ : Que ressentez-vous en temps que Président de ce dixième Festival de la Fiction TV?

    Serge Moati : Un mélange de plaisir et d’honneur. Le plaisir de voir des films, que ces derniers me donnent des émotions, de me retrouver au coeur de la fiction française, et de l’honneur car je suis tout simplement flatté qu’on reconnaisse en moi la passion très ancienne que j’ai pour ce genre. Et ce même si, en temps que producteur, je fais un peu moins de fiction. C’est vraiment pour ces deux raisons que j’ai immédiatement répondu oui lorsque Quentin Raspail, le Directeur du Festival, me l’a proposé. Ce qui est important quand on est Président de Jury d’un tel festival, c’est de témoigner de la vitalité du genre dans notre pays. De rendre compte de l’acte créatif et non pas que de l’acte marketing. J’ai envie de rencontrer des metteurs en scènes, des producteurs et des équipes qui concourent au renouvellement du genre.

    média+ : Quel état des lieux faites-vous sur la fiction française ?

    Serge Moati : J’ai l’impression qu’il y a deux tendances. A la fois il y a une tendance à la banalisation du genre. Concrètement, cela se traduit par la multiplicité des caméras et là où on se dit «Il se passera bien quelque chose». C’est la télévision du non choix que je déplore vivement mais qui est la conséquence inévitable de l’accroissement du nombre des films. Mais par ailleurs, je trouve que les films sont de mieux en mieux faits. On ne peut nier cette évolution bénéfique au genre. Il y a une habilité remarquable qui parfois peut virer à la robotisation, mais quand elle est bien dosée, rend des programmes absolument époustouflants.

    média+ : Quels sont les défis pour le genre ?

    Serge Moati : Renouveler le genre et la création sont pour moi des problématiques incontournables de la fiction. Personnellement, je me demande où sont les jeunes? On ne les laisse pas arriver sur le marché et je m’en désole. Il y a plusieurs raisons à ce non-phénomène: les coûts sont trop importants, tout comme la prise de risque si jamais on fait appel à ces jeunes talents. Libérer les jeunes, ouvrir le marché débriderait le genre. Je prône par exemple l’idée d’un service de «chercheur de talents» dans le but de renouveler notre télévision française. Je vois des choses qui me semblent novatrices, notamment dans les 90′. Dans la sélection du Festival de la Fiction j’ai vraiment vu des choses qui, il y a trois ou quatre ans, étaient encore impossibles à réaliser. Il y a de l’audace.

    média+ : Vous êtes également un producteur qui réalise notamment de la fiction. Quels sera votre actualité dans ce domaine en 2009 ?

    Serge Moati : Ma société de production Image&Compagnie, créée il y a 18 ans, repose sur trois piliers: la fiction, le documentaire et le magazine pour toutes les chaînes mais nous faisons également des films institutionnels. Nous réalisons un chiffre d’affaires aux alentours des 15 millions d’euros. En 2009, vous verrez notamment «Mafiosa» et un «Un flic», deux unitaires pour France 2 dont une nouvelle adaptation du film «Le Président» et un docu-fiction sur De Gaulle et l’Algérie. En magazine, je tiens toujours bon sur un nouveau projet culturel sur France 2, vraiment novateur.