F. PUCHAULT (ARTE France) : «La refonte de l’access offre aux téléspectateurs des récits différents sur l’actualité»

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A partir du 11 avril, ARTE refond son Access : du lundi au vendredi, de 19h00 à 21h00, la chaîne donne des clés pour comprendre les grands enjeux du monde et analyser le flux des événements. Avec Jean-Mathieu Pernin en passeur, deux heures pour cinq rendez-vous d’information, de magazine et de reportage : «Regards», «Le dessous des images», qui arrive à l’antenne, «ARTE Journal», «28 minutes» et «Le dessous des cartes – L’essentiel». Tour d’horizon avec Fabrice PUCHAULT, Directeur de l’Unité Société & Culture d’ARTE France.

Qu’est-ce qui a motivé la refonte de l’Access d’ARTE France ?

C’est une réflexion que nous menons depuis 2-3 ans. Cette avant-soirée, aussi valeureuse soit-elle, manquait de chaleur et d’adresse au téléspectateur. La refonte de l’Access est donc très pragmatique puisqu’il s’agit d’accueillir, de réchauffer le rapport que nous entretenons avec celles et ceux qui nous regardent. Il s’agit aussi de donner du sens à cette continuité. Chacun des programmes de cette tranche à une identité forte, et forme un tout cohérent que nous mettons en scène.

Travaillez-vous à donner du sens à chacune de vos marques ?

Oui, nous avons beaucoup travaillé en ce sens. Jean-Mathieu Pernin sera le fil rouge de la tranche de 19h00 à 21h00. Il incarne l’antenne, entre chacun des programmes et porte un certain nombre de convictions éditoriales. Il s’agit de donner à voir, de contextualiser, d’enrichir le créneau avec sa personnalité. Il va expliciter nos choix et affirmer l’identité de la chaîne. Nous souhaitons aussi montrer l’indépendance de nos formats et leur complémentarité.

Pourquoi l’Europe, qui est au cœur de l’identité d’ARTE, sera-t-elle davantage mise en valeur ?   

Parce que nos programmes offrent un regard éclectique sur les points de vue du monde. «Regards» (19h00) pratique l’art du reportage pour raconter le continent européen dans sa diversité́. Ce rendez-vous illustre la façon dont les gens vivent les grands enjeux qui traversent l’Europe. «Le dessous des images» (19h30), le magazine de Sonia Devillers proposé depuis l’automne dernier sur arte.tv, arrive à l’antenne et s’empare d’une image qui s’est imposée dans l’actualité ou la pop culture et en décode l’origine, la signification et le succès. Quelque chose de trop franco-français n’aura pas sa place. «ARTE Journal» (19h45), le JT de la rédaction franco-allemande de la chaîne est conçu avec le prisme européen et culturel d’ARTE. Concernant «28 minutes» (20h05), les invités viennent de toute l’Europe. Entourée de journalistes et chroniqueurs, Élisabeth Quin anime le rendez-vous qui se donne le temps de la réflexion et du débat sur les événements du moment. Enfin, Émilie Aubry, avec «Le dessous des cartes – L’essentiel» (20h50) met un coup de projecteur géopolitique et cartographié sur le fait international du jour en 3 minutes.

Prenez-vous résolument le pari du temps long ?

C’est un des paris fondamentaux d’ARTE. Donner du sens, contextualiser, apporter de la nuance dans un monde où les faits se télescopent : c’est la raison d’être d’ARTE et sa réponse à la fatigue informationnelle. C’est pourquoi, la chaîne lance une plage quotidienne de deux heures dédiées au reportage, à la géopolitique, à l’analyse et au débat. L’objectif est d’offrir au téléspectateur des récits différents sur l’actualité, dans un temps qui leur permet de penser sans urgence. Ce n’est pas un temps accéléré et hystérisé de l’information et parfois même d’un certain nombre d’œuvres de stock.

ARTE s’inscrit finalement à contrepied de ce qui se fait en matière de talks et d’infos en Access Prime Time à la télévision ?

Totalement ! La priorité donnée à l’émotion générée par le clash, à l’indignation facile, à la dernière petite nouvelle qui vient de sortir, ce n’est pas nous. ARTE envisage les choses dans une dimension de nuance et de complexité.

Vous favorisez aussi le discernement du téléspectateur ?

Dans un monde brouillé, en quête de sens, nous essayons d’être un tiers de confiance qui participe au discernement du téléspectateur.

La refonte de l’Access va-t-elle participer à la dynamique de vos audiences ?

Non, ce n’est pas pour redynamiser nos audiences puisqu’elles progressent chaque année. En moyenne en 2023 sur la tranche, nous enregistrons 3,1% de pda (VS 3,0% en 2022). On s’inscrit dans une volonté de porter plus fortement nos programmes aux téléspectateurs.