Florence LE BORGNE, Responsable de la Practice TV & contenus numériques de l’Idate

L’IDATE vient de publier un rapport sur les barrières réglementaires, stratégiques et d’usage, liées à la distribution exclusive de contenus premium (cinéma, séries, sport) en OTT. Entretien avec Florence LE BORGNE, Responsable de la Practice TV & contenus numériques de l’IDATE.

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Quelles stratégies sont mises en œuvre par les détenteurs de droits de contenus premium pour optimiser et valoriser leurs contenus ? 

Florence LE BORGNE

Les producteurs de cinéma, séries tv et les détenteurs de droits sportifs comprennent l’intérêt qu’il peut y avoir à utiliser Internet. Le Web touche un nombre d’utilisateurs croissant. Certains d’entre eux sont même prêts à payer pour accéder à du contenu. Mais c’est un tuyau encore nouveau en termes de valorisation de droits audiovisuels pour tirer des revenus complémentaires par rapport à ceux générés sur les autres canaux. Tous les producteurs actuels sont clairement conscients que le web est très loin de générer des revenus équivalents à ceux de l’exploitation traditionnelle.

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En quoi la chronologie des médias limite-t-elle les possibilités pour les ayants droit de fictions de se lancer dans une stratégie OTT ?  

Florence LE BORGNE

Nous allons qualifier d’OTT tous les services vidéo sur Internet (YouTube, Netflix,…). Et si l’on prend une chronologie réglementaire à la française, vous avez des fenêtres d’exploitation clairement déterminées. Quatre mois après la sortie d’un film en salle, une fenêtre VOD s’ouvrira mais se refermera aussitôt avant la diffusion TV. Au final, le temps durant lequel les droits sur internet ne sont pas exploitables peut être très long. Du coup, cela ne génère pas de recettes directes et laisse une place ouverte aux pratiques de piratages. 

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Comment se positionnent les ligues et fédérations sportives sur la vente de leurs droits vis-à-vis des diffuseurs ?  

Florence LE BORGNE

Les ligues et fédérations sportives veulent maintenir une exploitation TV traditionnelle tout en essayant de mettre en place des systèmes d’exploitation complémentaires qui viennent développer leur visibilité. Ils le font sur internet mais cela reste extrêmement timide. Les ligues américaines sont les plus en pointe sur une stratégie internet affirmée. Le football au niveau européen est le sport le plus couramment regardé dans la plupart de nos pays, mais il s’appuie sur une stratégie internet timide et un positionnement toujours très tourné sur la TV traditionnelle. Lorsque l’on regarde le montant des droits générés en TV par les achats de droits sportifs, cela assure clairement une grosse partie de leurs recettes, en plus des entrées dans les stades et le sponsoring.

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Comment le modèle OTT peut-il évoluer ?

Florence LE BORGNE

Nous sommes en train de quitter un univers extrêmement bien organisé et structuré, qui garantit le bon financement du sport, des séries tv et du cinéma. Nous allons vers un modèle différent avec une présence de plus en plus importante d’internet en tant que financeur et diffuseur. Les chaînes TV vont donc avoir un rôle plus limité.