Samedi 26 février à 11h30, le Forum des images et les équipes de Tigritudes accueilleront pour une rencontre spéciale, Wole Soyinka, Prix Nobel de Littérature et parrain de cette anthologie cinématographique panafricaine. En juin 1962, lors du 1er Congrès des écrivains africains anglophones à l’Université Makerere (Ouganda), Wole Soyinka déclarait : «Le tigre ne proclame pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore». Une flèche lancée au mouvement de la Négritude de Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire et Léon Gontran-Damas, à l’heure où de nombreux États du continent africain accédaient enfin à leur indépendance. Senghor répliqua l’année suivante : «Le tigre ne parle pas de sa tigritude parce qu’il est une bête. Mais l’homme, lui, parle de son humanité parce qu’il est homme et qu’il pense». Le conflit entre l’écrivain nigérian (qui recevra le prix Nobel de littérature en 1986) et le poète-président sénégalais durera près de 40 ans et ce n’est qu’à l’aube du 3e millénaire que Soyinka révisera son jugement, réalisant ainsi une analyse critique des mouvements d’émancipation littéraires et politiques postcoloniaux, non seulement sur le continent africain mais également sur ses territoires diasporiques. Dans le cadre de la rencontre au Forum des images, l’homme de Lettres reviendra sur la notion de Tigritude et sur son évolution, opérant ainsi un droit d’inventaire 60 ans après les Indépendances. Parrain de ce cycle cinématographique, Wole Soyinka développera sa conception du panafricanisme et sa relation au cinéma lors de cet échange. Cette rencontre sera modérée par Bénédicte Alliot, DG de la Cité internationale des arts à Paris ainsi que Dyana Gaye et Valérie Osouf, réalisatrices et co-curatrices du cycle Tigritudes. Avec le soutien de l’Institut Français et de la Cité Internationale des Arts.
