France BleuIsère privée d’antenne: les locaux de la radio ciblés par un incendie

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France Bleu Isère privée d’antenne: les locaux de la radio à Grenoble ont été partiellement détruits, dans la nuit de dimanche à lundi, par un incendie «d’origine criminelle» qui n’a blessé personne mais a fait de gros dégâts.

Le Président Directeur Général de Radio France, Sibyle Veil, a dénoncé un «acte criminel et odieux» qui a «profondément choqué» l’ensemble du groupe public d’information. L’alerte a été donnée peu avant trois heures du matin et une quinzaine de pompiers sont intervenus pour éteindre les flammes.

Les journalistes de la radio, eux, ont appris le sinistre quand l’un d’eux est arrivé sur les lieux vers 04h00. «Si tu viens, ne sois pas surpris, tout a brûlé», a-t-il écrit à un collègue par SMS. «Tout le rez-de-chaussé du bâtiment, «l’open space», avec les bureaux des animateurs, des journalistes, est en partie détruit. Mais ce sont surtout des dégâts qui ont été causés dans tout le système électrique», a souligné le rédacteur en chef de France Bleu Isère, Léopold Strajnic.

Pour France Bleu Isère, qui reprendra la diffusion de ses programmes à partir de 17h00 dans les locaux de France 3 Alpes, il s’agit à n’en pas douter d’un incendie volontaire: «Il y a eu deux départs de feu à l’intérieur des locaux et une porte d’entrée a été fracturée». Hypothèse confirmée par la police. Reste à savoir qui a pu s’en prendre à l’antenne locale de Radio France, et pourquoi. La direction, prudente, se refuse à faire «des liens trop rapides» entre l’incendie de cette nuit et le climat actuel de défiance envers les journalistes qui touche notamment le mouvement des «gilets jaunes». Selon M. Strajnic, «aucune menace» n’avait été exprimée contre France Bleu Isère et aucune revendication n’a été formulée pour l’instant. «Les relations qu’on avait sur le terrain lors des manifestations, dans le climat qu’on connaît actuellement, étaient relativement saines (…) Il est beaucoup trop tôt pour formuler des hypothèses», estime-t-il.

«Il y a eu par le passé des incendies à Grenoble, des incendies d’origine criminelle qui se sont attaqués à des services publics, à la gendarmerie», a rappelé de son côté le numéro deux de Radio France, Guy Lagache. Ces faits qui remontent pour l’essentiel à 2017 – ils ont concerné aussi un entrepôt de la société d’Eiffage (travaux publics) en octobre dernier – ont été revendiqués par la mouvance anarcho-libertaire.

L’incendie de France Bleu Isère, qui émet depuis 35 ans, a suscité de nombreuses réactions et messages de soutien. «Cet acte odieux doit être sévèrement puni!», a tweeté le ministre de la Culture Franck Riester, tandis que son collègue de l’Intérieur, Christophe Castaner, dénonçait des faits «d’une extrême gravité»: «S’attaquer à celles et ceux qui nous informent, c’est attaquer notre démocratie».

«Radio France a décidé il y a quelques mois d’équiper les locales de vidéo-surveillance mais on ne parle pour l’instant que de 4 locales sur 44 et uniquement de la porte principale, alors qu’à Grenoble c’est la porte arrière qui a été forcée. Un plan de sécurisation bien plus important doit être décidé et très vite mis en place», a réclamé de son côté le Syndicat national des Journalistes.