France TV : Rémy Pflimlin met en garde contre la cure d’austérité

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Les temps sont durs pour France Télévisions: son président Rémy Pflimlin a mis en garde mercredi contre les effets néfastes sur l’emploi et la création de la cure d’austérité que lui a préparé le gouvernement pour 2013, qu’il souhaiterait voir allégée. Dans une audition au Sénat, M. Pflimlin s’est montré virulent pour dénoncer «l’ampleur et la brutalité de l’effort qui semble devoir être demandé» à France TV en 2013. Alors que le projet de budget 2013 prévoit un repli de 1,6% du total des dotations à l’audiovisuel public, France TV (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô) va subir la plus forte baisse: le groupe bénéficiera en 2013 de 2,45 milliards d’euros, soit 85 millions de moins que cette année. Au total, avec une baisse de ressources publicitaires de 67 millions d’euros prévue par le groupe en raison de la crise, ce sont des économies de quelque 150 millions d’euros qui devraient être réalisées. L’effort demandé «conduirait à un déficit programmé de 80 à 100 millions d’euros» fin 2013, alors que le groupe vise des comptes à l’équilibre pour 2012, comme en 2011, a prévenu M. Pflimlin. «Un tel volume d’économies» en 2013, «ce sont bien plus de rediffusions, c’est la question de notre place en région et en outre-mer, ce sont moins d’investissements dans la création, ce sont des conséquences sévères sur l’emploi, à France TV et dans les secteurs qui vivent des commandes de l’entreprise», a-t-il averti. Alors que France TV a atteint en 2011 un niveau d’investissement de 416 millions d’euros dans la production d’oeuvres audiovisuelles et près de 63 millions d’euros de soutien au cinéma, «il ne nous sera pas possible de poursuivre un tel niveau d’engagement dans un contexte budgétaire aussi dégradé», a-t-il mis en garde. L’Union syndicale de la production audiovisuelle (Uspa) a aussitôt fait part de son «inquiétude», et appelé dans un communiqué le gouvernement à ne pas «sacrifier la création». Les syndicats de France TV craignent que la réduction des dotations et le retard dans les recettes publicitaires n’entraînent un «plan social». M. Pflimlin a d’ores et déjà prévenu qu’il pourrait aller plus loin que la réduction des effectifs de 5% prévue pour la période 2011-2015 dans le cadre du COM. Après avoir dressé ce tableau très noir devant les sénateurs, Rémy Pflimlin a réagi «très positivement» à une proposition du sénateur socialiste David Assouline. Celui-ci a annoncé son intention de déposer un amendement au nom du groupe PS pour augmenter encore de 2 euros la redevance audiovisuelle, à 131 euros, afin d’alléger de 50 millions d’euros l’effort de France TV. Le montant de la redevance doit déjà passer en 2013 à environ 129 euros, soit une hausse de deux euros prévue dans le projet de loi de finances, s’ajoutant à l’inflation. «Si nous pouvions nous trouver avec une dotation non pas à moins 86 millions d’euros mais à moins 30, nous serions dans une situation incroyablement plus favorable», a commenté Rémy Pflimlin. Dans ce moment délicat, les relations de France TV avec le gouvernement pourraient cependant se tendre, alors que la ministre de la Communication Aurélie Filippetti avait déjà estimé début octobre que le groupe devait se repositionner et arrêter «la course à l’audimat». Nouveau pavé dans la mare, la députée PS Martine Martinel a dénoncé mercredi «des efforts de gestion insuffisants» et un «bilan financier désastreux» des plans de départs volontaire lancés au sein de France TV entre 2009 et 2012, dans un rapport parlementaire. Mais elle a également taclé l’Etat, qui «ne sait pas ce qu’il attend du groupe».