Avec «François Mitterrand et la guerre d’Algérie», François Malye et Benjamin Stora signent un documentaire passionnant sur le rôle souvent ignoré que joua le futur président de la République en appliquant une sévère politique de répression en Algérie.
Le film, qui mêle images d’archives et témoignages, suit pas à pas François Mitterrand pendant les trois premières années de la guerre d’Algérie, de 1955 à 1957, alors qu’il est ministre de l’Intérieur puis ministre de la Justice. A partir d’archives inédites, notamment les dossiers de condamnés conservés à la Chancellerie, il révèle que pendant les 500 jours de son ministère à la Justice, Mitterrand refusera la grâce dans plus de 80% des cas aux militants du Front de libération nationale. Quarante-cinq seront guillotinés.
A partir de témoignages, le documentaire tente de répondre à la question : pourquoi Mitterrand cautionna-t-il cette politique de répression du gouvernement Guy Mollet ? Alors que d’autres de ses proches, comme Pierre Mendès France, refuseront de le faire et démissionneront. Pour l’avocate Gisèle Halimi, François Mitterrand «s’est déterminé en fonction de choix politique». Un de ses biographes, le journaliste Franz-Olivier Giesbert, évoque aussi «un calcul politique» de la part du futur chef d’Etat qui abolit la peine de mort en 1981.