Saison après saison, l’Unité Fiction d’Arte France continue d’imprimer une signature atypique dans ses fictions contemporaines, historiques et romanesques qui conjuguent une ambition «haut de gamme» avec des moyens de production moins élevés que ses concurrentes historiques françaises. Entretien avec François Sauvagnargues, Directeur de l’Unité des programmes Fiction d’Arte France.
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Vous souhaitez «imprimer une ambition artistique élevée et des moyens financiers limités» dans vos fictions. Seriez-vous prêt à vous lancer dans la production low-cost ?
FRANÇOIS SAUVAGNARGUES
Pas vraiment ! Les téléfilms ou les séries que nous fabriquons pour Arte s’inscrivent dans la fourchette basse des coûts de production en France, ce qui n’enlève rien à leur qualité. De ce fait, le budget annuel de la fiction chez Arte France s’élève à 23 millions d’euros avec lesquels nous réussissons à fabriquer près d’une cinquantaine d’heures de programmes inédits. Notre savoir-faire réside dans le fait de pouvoir réaliser des fictions de qualité avec des budgets limités.
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Les mini-séries historiques feront leur apparition sur votre antenne. Avez-vous pour ambition de proposer régulièrement ce genre ?
FRANÇOIS SAUVAGNARGUES
Pour les mini-séries historiques, il s’agit du hasard de la production. En ce qui concerne les téléfilms, nous devons proposer des fictions événements afin d’attirer l’attention des téléspectateurs. Nous programmerons ainsi des séries européennes telles que «Frères d’Italie» (2X100′) coproduit avec le RAI, et retraçant le destin, entre 1828 et 1859, de deux jeunes aristocrates et d’un jeune paysan engagés dans le combat Républicain. Autre série, «Les mystères de Lisbonne» (6X55′) de Raoul Ruiz qui nous emporte au coeur du XIXème siècle de cette ville portugaise. Enfin, et avec la participation de Channel 4, nous lancerons en 2011 «La promesse» (4X90′) de Peter Kosminsky qui retrace le parcours d’une jeune adolescent qui découvre Israël, 60 ans après son grand-père. C’est un audacieux parallèle entre la Palestine d’avant 1948 et l’Israël d’aujourd’hui.
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Quelle ligne éditoriale avez-vous empruntée pour la sélection de vos fictions unitaires ?
FRANÇOIS SAUVAGNARGUES
Les téléfilms s’appuient sur des enjeux actuels tels que «Main basse sur une île» (80′) qui revient sur la question immobilière en Corse. Dans cette lignée, nous lancerons des films romanesques ou de grandes adaptations comme «La vie devant soit» de Myriam Boyer, une nouvelle adaptation du roman d’Emilie Ajar («Romain Gary») qui raconte l’histoire d’amour entre une ancienne prostituée rescapée d’Auschwitz et un jeune orphelin arabe. Dans un registre différent, nous retrouverons «La Belle endormie» de Catherine Breillat, une adaptation originale du conte de Charles Perrault.
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La coproduction entre chaînes de séries télévisées prend son essor. Etes-vous désormais contraint de vous affilier à divers acteurs financiers pour initier de grands projets de fiction ?
FRANÇOIS SAUVAGNARGUES
Nous essayons de produire des fictions avec nos modestes moyens mais nous devons également prouver notre ambition. En ce sens, la coproduction permet de présenter des films aux budgets plus importants. Alors que nous sommes dans une compétition de plus en plus féroce à la télévision, il faut pouvoir aujourd’hui offrir à l’antenne des productions ayant un impact en termes d’image et d’audience.
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Quelles sont les séries inédites d’Arte actuellement en développement ?
FRANÇOIS SAUVAGNARGUES
Parmi les séries d’Arte actuellement en développement, nous retrouvons «Oasis» (12X52′), une série autour d’un vampire, «Ministères» (8X52′) où 5 jeunes aux parcours différents se retrouvent en première année de séminaire au Vatican, et «Odysseus (6X52′), une histoire épique et mythologique.