Jade Goody, 27 ans, n’avait d’autre talent que d’être elle-même, inculte et forte en gueule, dans la version britannique de «Loft Story» en 2002. A présent célèbre et atteinte d’un cancer sans doute incurable, la jeune Anglaise vend son calvaire aux médias et divise l’opinion. Jade Goody est un «rêve pour tabloïde», ces journaux populaires qui donnent une grande place aux personnalités et paient souvent pour leurs confidences, remarque Tracy MvVeigh du sérieux hebdomadaire «l’Observer». Jade Goody a tout pour leur plaire: physique singulier, tantôt laide tantôt charmante, père braqueur mort d’une surdose, mère manchote et lesbienne, petit ami en prison, et une propension à parler sans frein, de tout et n’importe quoi. Surnommé haineusement «Le Cochon» par le journal le «Sun» lors de son passage dans le jeu, elle comprend grâce au même journal, au moment de son éviction de l’émission de télé-réalité en 2002, qu’on peut très bien gagner sa vie en la racontant. Depuis, tout y passe, ses amours, ses deux petits garçons, ses teintures, ses implants mammaires, ses régimes… Mais sa popularité dégringole en 2007 lorsqu’elle tient des propos racistes contre Shilpa Shetty, actrice indienne enfermée avec elle dans un nouveau «Big Brother» britannique réservé aux célébrités. Jade s’excuse, Shilpa gagne le jeu, et, devenue à son tour présentatrice du «Bigg Boss» indien, invite Jade à y participer, en août dernier. Celle-ci accepte, pour apprendre en pleine émission qu’elle souffre d’un cancer du col de l’utérus. Certains croient au début à une mise en scène, mais le pronostic s’assombrit de semaine en semaine, et le diagnostic tombe le 4 février : le cancer s’est étendu et semble incurable.