Grèce : la guerre entre les chaînes de télévision s’accentue

Les principales chaînes de télévision grecques se livrent actuellement à une guerre judiciaire acharnée pour faire annuler la loi sur la réforme de l’audiovisuel du gouvernement Tsipras, les partis d’opposition et la presse se joignant allègrement à cette controverse. Au moins une quarantaine des recours en référé déposés par une dizaine de chaînes de télé ont déjà été rejetés par la justice depuis l’adoption de cette loi en février, selon une source judiciaire. Adoptée grâce aux seules voix des députés de la coalition gouvernementale (Syriza, à gauche, et le parti souverainiste Grecs Indépendants, à droite), la réforme a comme objectif d’attribuer pour la première fois des licences de diffusion nationale, quatre au total. Terrain de con it de vastes intérêts politico-financiers, les télés privées en Grèce, apparues n des années 80, fonctionnaient sur la base d’un régime dit «provisoire». «Aucun gouvernement ne s’était jusqu’ici aventuré à réglementer le paysage audiovisuel, ce qui favorisait le clientélisme et l’étatisme (…) une situation inacceptable», rappelle Persa Zeri, professeur en théorie des médias à l’Université de Pantion à Athènes. Cette spécialiste se dit toutefois très critique vis-à-vis la récente loi, qui ne prévoit que «quatre licences de diffusion nationale», disposition «anti-constitutionnelle (…) portant atteinte à la liberté d’information», selon elle. «Il aurait fallu que la loi prenne en compte le paysage audiovisuel actuel», où fonctionnent au moins six chaines de diffusion nationale, déplore-t-elle. Détenues par des groupes de presse et entrepreneurs influents, quatre chaînes au moins, qui n’ont pu obtenir de licences lors de la vente aux enchères organisée par le gouvernement en septembre, dans le cadre de cette loi, sont désormais menacées de fermeture. Leur dernier espoir, le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative du pays doit examiner la semaine prochaine leur recours sur «la constitutionnalité» ou non de la réforme.