H. Godechot (CSA) : « En 2019, 62% des Français consomment de l’information par Internet et pour 29%, il s’agit de leur principale source d’informations »

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Mardi 12 novembre, le CSA présentait une expérimentation concernant l’algorithme de recommandation de YouTube. Les plateformes numériques suggèrent des contenus en recourant à des algorithmes de recommandation dont la transparence des principes et du fonctionnement fait débat. L’occasion pour média+ de rencontrer Hervé GODECHOT, membre du collège du CSA et président du groupe de travail «Diffusion, distribution et usages numériques».

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Vous présentez une nouvelle étude concernant l’algorithme de recommandation de YouTube. Pourquoi YouTube ?

Hervé GODECHOT

Nous avons choisi cette plateforme car elle rend publique un grand nombre de données qui facilitent la caractérisation des contenus. De plus, YouTube occupe une place majeure dans la consommation de contenus vidéo sur internet. Enfin, elle propose une offre diversifiée dans les thématiques abordées, les types d’éditeurs présents, les formats utilisés ou encore la durée des contenus. Enfin, YouTube dispose d’une fonctionnalité «de lecture automatique» qui s’appuie sur l’un de ses algorithmes de recommandation. Cette fonctionnalité enchaîne les vidéos sans intervention de l’utilisateur. Elle se rapproche ainsi de la diffusion linéaire en télévision. Ce sont les recommandations faites à partir de cette fonctionnalité qui ont été étudiées. Nous nous sommes donc mis dans la peau d’un internaute pour voir où l’algorithme nous emmène.

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Les plateformes ont un rôle important dans le domaine de l’information. Ont-elles suffisamment conscience de ces responsabilités ?

Hervé GODECHOT

En 2019, 62% des Français consomment de l’information par Internet et pour 29%, il s’agit de leur principale source d’informations. Je pense que les plateformes ont conscience de leur rôle et de leur responsabilité. Certaines plateformes ont déjà mis en place des outils pour retirer des contenus non appropriés ou haineux. Le législateur va continuer à étoffer les obligations des plateformes numériques et venir élargir le champ de compétences au CSA (avec la loi Avia, qui est encore en discussion, ou encore la prochaine loi audiovisuelle). Quoi qu’il en soit, nous sommes dans un dialogue à la fois confiant et exigeant avec les plateformes.

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Sommes-nous soumis aux algorithmes ?

Hervé GODECHOT

Les internautes sont effectivement soumis aux algorithmes. Mais ce n’est pas forcément un problème. Ça le devient si l’internaute n’est pas en mesure de comprendre comment fonctionne l’algorithme. Il doit rester maître de son parcours sur le web. Évidemment, l’éducation aux médias permet de pallier cela.

media+

Avez-vous fait part à YouTube de vos résultats ?

Hervé GODECHOT

Oui, nous leur avons présenté notre étude une fois celle-ci achevée. Nous leur avons aussi ouvert une tribune dans le compte-rendu de l’étude afin qu’ils puissent y réagir.

media+

Les prérogatives du CSA sont élargies aux médias numériques. Les plateformes vous reconnaissent-elles une légitimité ?

Hervé GODECHOT

Les premiers contacts sont positifs notamment parce que beaucoup d’acteurs sont désormais conscients de la nécessité de la régulation.