En Iran, «la réalité de la corruption est quotidienne» et imprègne la société dans son ensemble, se désole le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, coincé dans son pays, qui dénonce ce fléau dans «Un homme intègre». Dans ce long-métrage, qui sort mercredi en France, Reza est cet homme intègre. Modeste éleveur de poissons rouges, des animaux très prisés lors des fêtes du Nouvel An perse, il vit dans une ferme avec sa femme Hadis (Soudabeh Beizaee) et son fils, dans le nord de l’Iran. Les affaires de Reza, joué par Reza Akhlaghirad, vont mal et il peine à rembourser un crédit. Son banquier lui propose alors un arrangement contre un pot-de-vin. Mais Reza, le visage buté, le regard sombre, s’y refuse. Comme il ne veut pas graisser la patte des fonctionnaires ou des policiers qui croisent son chemin. «La corruption a pénétré toutes les couches de la société» iranienne, assure Mohammad Rasoulof dans une interview via Skype depuis son domicile à Téhéran. Les autorités lui ont confisqué son passeport à la mi-septembre, à son retour du festival de Telluride aux Etats-Unis où il avait présenté son film et il n’a pas pu se rendre en France comme prévu pour sa promotion. «La réalité de la corruption est quotidienne (…) et va du bas de l’échelle sociale jusqu’au sommet de la pyramide du pouvoir», poursuit-il. L’ONG Transparency International attribue une note de 29/100 à l’Iran, signe d’une corruption importante. C’est cette réalité que veut montrer le cinéaste, qui s’est déjà penché dans le passé sur des aspects peu reluisants de la société iranienne. Son héros, Reza, se heurte aux intérêts de «la compagnie», entité anonyme mais puissante, qui convoite son terrain. Soutenu dans un premier temps par sa femme, il s’accroche à ses convictions. Mais il a beau chercher des solutions, les portes se ferment devant lui une après l’autre, jusqu’à ce qu’il bascule.