Igor PRIMAULT, Directeur de l’innovation, de la vidéo et des inductries du CNC

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Les éditeurs de VOD se heurtent aujourd’hui à d’importantes difficultés économiques. Quelles sont-elles ?
Igor PRIMAULT
Malgré la richesse de l’offre légale française, les éditeurs français de vidéo à la demande sont confrontés à la double concurrence de la piraterie et des acteurs extra-européens, notamment américains, qui profitent d’un contexte fiscal avantageux. A titre d’exemple, iTunes, localisé au Luxembourg, bénéficie d’une TVA bien plus faible que celle appliquée aux éditeurs basés en France et échappe à la taxe sur la vidéo à la demande qui contribue à alimenter le CNC.
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Quels outils permettraient d’insuffler une nouvelle dynamique au marché de la VOD en France ?
Igor PRIMAULT
L’un des enjeux de l’appel à projet du RIAM est de contribuer à l’amélioration des services de VàD actuels en matière d’expérience utilisateur, d’outils de recherche et de recommandation, et d’ergonomie de leurs offres. A ce jour, les éditeurs français de vidéos à la demande doivent faire face à la grande variété de formats et de terminaux pour exploiter leurs fichiers. Les éditeurs sont ainsi obligés d’assurer leur présence sur tous les supports (boxes ADSL, ordinateurs, téléviseurs connectés et smartphones). Bref, une complexité technologique croissante alors que le consommateur souhaite une offre simple à utiliser. Ce qui appelle des projets de R&D ambitieux.
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Le secteur français de la VOD est-il aussi étendu que le marché anglo-saxon?
Igor PRIMAULT
Contrairement à ce que l’on peut entendre, l’offre légale française est à la fois ambitieuse – avec près de 75 éditeurs – et très développée avec 11.000 films et 50.000 œuvres audiovisuelles disponibles. Après la salle de cinéma, la vidéo à la demande constitue d’ores et déjà le principal mode d’exposition des films récents, en termes de nombre d’œuvres accessibles. Le potentiel est donc important. Les éditeurs français doivent anticiper l’arrivée d’acteurs tels que LoveFilm (Amazon) ou Netflix, en améliorant encore la qualité de leurs services et outils, au bénéfice de la diversité de leurs catalogues.
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Quel regard portez-vous sur les usages de la VOD en France ?
Igor PRIMAULT
Le marché de la vidéo à la demande en France est évalué à 250M€ en 2012, avec une croissance de 15% sur 1 an (en baisse par rapport à 2011). Les acteurs français disposent de tous les atouts pour porter proactivement ce second souffle, avant que la concurrence extra-européenne ne se renforce. Tant via l’appel thématique du RIAM que par ses aides directes à l’exploitation d’œuvres en vidéo à la demande, le CNC est là pour les y aider.