Incendies de pylônes téléphoniques en Alsace: mise en examen de 14 personnes «issues de la mouvance gilets jaunes»

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Le parquet de Mulhouse a annoncé jeudi la mise en examen de 14 personnes «issues de la mouvance gilets jaunes» pour 9 faits de dégradation de pylônes téléphoniques dans 8 communes du Haut-Rhin, commis entre janvier 2019 et janvier 2020.

«La totalité des personnes présentées et déférées font partie de la mouvance des gilets jaunes. Ils étaient actifs sur un certain nombre de ronds-points et ont décidé de passer à l’action violente pour marquer sans doute les esprits au regard de leurs revendications», a déclaré la procureure de la République de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot, lors d’une conférence de presse.

Une enquête avait été ouverte après l’incendie, le 5 janvier 2019, d’un premier pylône téléphonique sur la commune d’Altkirch, à proximité du rond-point de Carspach, important lieu de rassemblement des gilets jaunes dans le département. Le mode opératoire était similaire à chaque nouvelle dégradation : «des pneus imbibés d’essence déposés au pied du coffret électrique qui se trouve à proximité du pylône puis enflammés», a précisé Mme Roux-Morizot.

Ces incendies avaient engendré de «grosses perturbations téléphonique sur le secteur», et avaient provoqué des dépôts de plainte de la part des opérateurs. Le préjudice subi par SFR, Bouygues Telecom, Orange et Free, qui n’a pas encore été chiffré exactement, est estimé à plusieurs millions d’euros. Après les auditions de trois personnes placées en garde-à-vue en avril 2019, l’enquête s’est accélérée cet été : en juillet, un premier individu a été mis en examen pour des faits de «destruction par moyen dangereux effectuée en bande organisée» et placé sous contrôle judiciaire.

Lundi, une vaste opération impliquant 70 gendarmes dans tout le département a abouti à l’arrestation de 13 autres personnes, qui ont toutes été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire. Elles encourent des peines de 15 ans de réclusion et de 150.000 euros d’amende. A propos de ces 2 femmes et 12 hommes mis en examen, la procureure a parlé de personnes «très différentes», nées entre 1957 et 1998, «à l’image du brassage qu’on pouvait retrouver sur les ronds-points». «C’est une enquête exceptionnelle par sa durée et par le nombre de personnes soupçonnées», a ajouté le Colonel Alexandre Jeaunaux, commandant du groupement de gendarmerie départementale du Haut-Rhin.

Les huit communes concernées, Altkirch, Roppentzwiller, Eteimbes, Seppois-Le-Bas, Valdieu-Lutran, Kingersheim, Wittelsheim et Traubach-le-Bas sont concentrées dans la partie sud du département, non loin de la frontière suisse.