Isabelle VIGNON, Directrice de l’Expertise Media à Dentsu Aegis Network
Dentsu Aegis North, le département Etudes et Stratégie du Groupe Dentsu Aegis Network, a révélé les principales tendances à suivre qui impacteront, entre autres, les médias. Les détails avec Isabelle VIGNON, Directrice de l’Expertise Media à Dentsu Aegis Network.
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Les séries TV seront-elles omniprésentes dans l’offre des chaînes en 2016 ?
Isabelle VIGNON
1.535 jours de contenus séries ont été diffusés en 2015. Il s’agit définitivement d’un genre fédérateur qui se consomme de plus en plus intensément. La palme revient aux productions françaises avec l’émergence de fictions appréciées pour leur qualité, leur distribution et leur écriture. Je pense notamment à «Dix Pour Cent» (France 2) ou à «Une chance de trop» (TF1) qui ont rencontré un public massif. Les chaînes veulent aujourd’hui de plus en plus investir dans leur propre fiction premium. Pourquoi ? Parce que la consommation de séries pèse pour 21% (+1 pt vs 2014) dans la consommation moyenne d’un individu de 15 ans et plus. Et cette capacité à les consommer autrement – en replay notamment – va devenir prépondérante à l’avenir. Les annonceurs ne doivent pas louper ce virage. Les séries locales ont souvent été victimes de «french bashing». Mais aujourd’hui, elles s’exportent, trouvent un nouvel élan et montent en gamme. Ça ne va pas s’arrêter.
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Comment appréhendez-vous le déploiement du e-cinéma dans l’écosystème audiovisuel ?
Isabelle VIGNON
C’est un média qui n’est pas totalement nouveau. Néanmoins, nous avons observé un vrai tournant en 2015 autour de cette stratégie commerciale consistant à proposer directement en VOD des films de cinéma inédits. Des plateformes telles que MyTF1 ou 6Play les ont mis en valeur, tout comme YouTube. Les films disponibles en e-cinéma disposent de budgets, de castings et de campagnes promotionnelles qui restent comparables aux sorties traditionnelles dans les salles obscures. Pour contrecarrer la chronologie des médias et s’adapter au marché français, Netflix s’y est également mis. L’e-cinéma propose des offres tarifaires accessibles avec des films qui sont de bons produits d’appel. Il est donc naturellement intéressant pour le consommateur de ne pas attendre les fameux 18 mois de distribution classique. Dans un premier temps, l’e-cinéma va toucher une population beaucoup plus jeune. Le film «Les Dissociés» du collectif Suricate, mis en ligne sur YouTube il y a plusieurs semaine, a signé le meilleur démarrage de l’année pour un film français : 510.000 spectateurs en moins de 24h.
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En quoi la place du sport dans les médias est-elle devenue décisive pour le secteur ?
Isabelle VIGNON
Annonceurs comme chaînes ne doivent pas passer à côtés d’événements majeurs de sport qui sont extrêmement positifs. Par les temps qui courent, ils véhiculent des valeurs fortes. Il n’y a pas d’équivalent aujourd’hui dans l’univers des médias sur ces grands rendez-vous comme l’Euro 2016 que l’on va retrouver uniquement en télévision. De plus en plus fédérateurs, ces moments sportifs attirent de plus en plus de femmes. Et ces dernières sont très prescriptrices pour n’importe quelle marque. Nous prévoyons au minimum 35 millions de téléspectateurs âgés de 4 ans et plus sur l’ensemble de l’Euro 2016. L’intégralité des droits de diffusion a été octroyée à beIN Sports (60 M€) qui a revendu la diffusion en clair des 22 rencontres les plus importantes à M6 et TF1 qui se les partageront. Ce sera aussi l’année des Jeux Olympiques de Rio qui se dérouleront du 5 au 21 août. Ils seront diffusés en clair sur France Télévisions et sur les chaines payantes de Canal+.