J. HEINSEN (Bunnygraph Entertainment): «Des acteurs comme Samsung ou Google pourraient aisément financer des programmes de TV»

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La mutation du secteur audiovisuel et de son écosystème aux États-Unis impacte directement les futurs projets des networks et de leurs producteurs. C’est ce que nous analyse John HEINSEN, Producteur exécutif et CEO de Bunnygraph Entertainment.

média+ : Le secteur audiovisuel subit une forte mutation. Comment l’observez-vous ?

JOHN HEINSEN : La transformation du secteur perturbe les schémas en place. Ce mouvement illustre l’évolution de la télévision et la façon dont les contenus sont aujourd’hui consommés et partagés de façons diverses. L’iPhone est considéré par certains comme la nouvelle TV. En intégrant cette dimension, les créateurs de contenus et les téléspectateurs s’ouvrent à de nouvelles opportunités. C’est un moment unique non seulement pour les producteurs de contenus mais aussi pour les distributeurs puisque nous pouvons écrire et adapter les règles au fur et mesure.

Les producteurs peuvent-ils trouver de nouveaux business model ?

 C’est certain ! Il va falloir créer des partenariats à long terme avec des acteurs comme Samsung et Google. Ces derniers pourraient très bien financer une partie d’un programme et l’aider à le distribuer sur leur propre plateforme. C’est une façon complètement différente de penser la télévision. (A l’instar d’Amazon et Netflix, YouTube a annoncé récemment une production en interne d’un film qui sera distribué en salles de cinéma, ndlr).

Avec la montée en puissance de la SVOD, la TV linéaire peut-elle maintenir son attractivité ?

 La consommation linéaire va décliner, mais ne disparaîtra pas. Si vous n’êtes qu’un distributeur, il va falloir vous poser des questions. Beaucoup de chaînes câblées disparaissent aujourd’hui dans le monde. Pour autant, de nouvelles antennes, aux contenus beaucoup plus ciblées, voient le jour.

Financement des programmes par la publicité ou par les abonnements, qui sortira gagnant ?

Ce sera un équilibre des deux ! Le défi pour les réseaux traditionnels est de ne pas laisser Netflix être le distributeur de leurs séries. D’ici quelque temps, nombreuses seront les chaînes gratuites à ne plus vendre leurs contenus à ce type d’acteurs. Elles vont lancer leur propre écosystème payant avec des licences qu’elles vont précieusement travailler.

A quoi ressemblera le futur de la Social TV ?

L’espace numérique est une convergence de trois éléments : le média traditionnel, la publicité et la technologie. Les producteurs doivent être flexibles et s’adapter à ces technologies. Il n’y a pas de normalisation sur le marché. La force du numérique, c’est de pouvoir créer des communautés autour des programmes. Nous aurons toujours des histoires à raconter à notre public. Mais ce qui est primordial sur le marché, c’est la communauté. Nous créons des contenus qui se basent sur la conversation. Une fois que la communauté est constituée, on peut aisément la distraire, l’impliquer et l’influencer.