Julien ROSANVALLON, Directeur du Département TV et Internet de Médiamétrie
Selon l’institut Médiamétrie, l’année 2017 marque une convergence accrue des usages TV, internet et vidéo. Toujours en croissance, ces usages se complètent et s’additionnent. Entretien avec Julien ROSANVALLON, Directeur du Département TV et Internet de Médiamétrie.
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TV, Internet, Vidéo, Médiamétrie parle d’un marché de l’addition. C’est nouveau ?
Julien ROSANVALLON
Le numérique a évidemment transformé en profondeur les usages du média TV. Mais lorsque l’on analyse à la fois la durée d’écoute de la télévision – qui a progressé sur les dix dernières années – et celle d’internet, il n’y a pas eu d’effets de substitution. Les Français regardent en moyenne 3h42 la télévision quotidiennement sur un téléviseur. Ils passent également 1h23 chaque jour sur internet. En revanche, nous constatons une vraie transformation des usages de la télévision qui, petit à petit, se délinéarisent. Près de 40% des foyers sont équipés de 4 écrans. Chaque jour, 20% de Français qui ne possèdent pas de téléviseurs regardent des programmes sur un ordinateur, une tablette ou un smartphone. Un chiffre qui s’élève à près de 30% pour les 15-24 ans. Autre périmètre, celui de l’OTT qui rend les frontières un peu floues entre tous ces nouveaux usages TV, vidéo et plateformes SVOD.
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Les plateformes de SVOD vont-elles bouleverser le marché français ?
Julien ROSANVALLON
Il y a en effet une croissance importante des consommateurs de plateformes de SVOD. En 2017, près de 3 millions de Français ont un boitier OTT et 20% utilisent des services de SVOD. Aux Etats-Unis, ils sont 60% à les utiliser. Néanmoins, les usages globaux des abonnés SVOD viennent s’ajouter à leur consommation TV. Un abonné SVOD consacre peu ou prou l’équivalent d’une saison de douze épisodes d’une série par mois à regarder son service. Au global, les gens sont encore dans une logique d’addition et non pas de substitution. Il faut d’ailleurs rappeler qu’aujourd’hui, ces plateformes proposent essentiellement des fictions. Le média TV offre quant à lui beaucoup plus de genres.
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Est-ce la raison pour laquelle vous parlez de marché atypique de la SVOD en France ?
Julien ROSANVALLON
Atypique en France parce que nous avons un cadre réglementaire ainsi qu’une offre de contenus à part. Le développement de la télévision par ADSL, qui est notable, donne accès à un grand nombre de chaînes. Parallèlement, le développement de la TNT offre dorénavant 27 chaînes gratuites à l’ensemble de la population française. Il ne faut pas oublier que le prix des offres TV et Triple Play entre la France et les Etats-Unis sont très différents. Outre-Atlantique, les offres peuvent monter jusqu’à 200 dollars/mois. Chez nous, les prix oscillent entre 20 et 50 euros. Aux Etats-Unis, la durée de la consommation TV sur l’écran de télévision a baissé de 15’ cette année alors qu’elle est globalement stable en France.
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Quelle tendance constatez-vous sur la consommation du Replay ?
Julien ROSANVALLON
Le replay, c’est 5,7 millions de téléspectateurs par jour (x 2,5 en 3 ans). Elle se fait sur les écrans mobiles (1 million de téléspectateurs quotidiens), l’écran TV central (3,8M) et le PC (1,1M). En différé et en replay, on regarde beaucoup de fictions et de cinéma mais un peu moins d’information et de sport. L’écran d’ordinateur va favoriser une consommation live alors que les écrans mobiles favoriseront une consommation en replay. Sur les écrans internet mobile, 2/3 de la consommation se fait sur la fiction et le cinéma. Ecrans internet et replay représentent 8,7% de la durée d’écoute quotidienne de la télévision, soit 43% de plus en 2 ans.
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Contrairement aux idées reçues, les jeunes ne regardent-ils pas moins la télévision qu’avant ?
Julien ROSANVALLON
Les jeunes ont toujours moins regardé la télévision pour des raisons assez faciles à comprendre. Ils ont un emploi du temps parfois contraignant. La télécommande, ils n’en ont pas le contrôle.