Jean-Marc Morandini, un»décrypteur» des médias pris dans la tourmente

Jean-Marc Morandini, mis en examen vendredi notamment pour «corruption de mineur aggravée», est un franc-tireur du paysage audiovisuel français, animateur télé critiqué à ses débuts pour son ton racoleur reconverti en «décrypteur» des médias, populaire mais aussi redouté. Mis en cause après les accusations lancées par deux jeunes hommes à qui il aurait fait des propositions douteuses, l’animateur est pris dans la tourmente depuis les accusations cet été des Inrocks. Le magazine l’avait désigné comme l’organisateur de castings dénudés initiés par sa société de production, écornant l’image patiemment reconstruite de celui qui fut la cible des «Guignols de l’info» dans les années 90.

Depuis treize ans, Jean-Marc Morandini est un pilier d’Europe 1, aux commandes de la tranche 09H00-12H00. Une reconversion réussie à la radio pour cet homme de 51 ans au ton gouailleur, parfois agaçant mais plein d’aplomb. Après ses premiers pas sur La Cinq, la chaîne de télé de Silvio Berlusconi, il anime de 1993 à 1997 «Tout est possible» sur TF1, une émission où il joue le rôle de grand confesseur. Critiqué pour son voyeurisme, le programme lui vaudra le mépris d’une partie de la profession et il deviendra une vedette controversée du petit écran. Après un passage par Chérie FM et Nostalgie en tant que directeur d’antenne, puis sur RMC, il se met à ausculter le microcosme de la télévision sur Europe 1 à partir de 2003. Il se voit ensuite confier trois heures d’antenne sur la station chaque matin, pendant lesquelles il aborde aussi des sujets de santé et de société, et rebâtit une image plus vertueuse de journaliste généraliste. Parallèlement, de 2006 à 2012, sur la chaîne NRJ 12, il anime une émission sur la télévision intitulée tout simplement «Morandini !». Jonglant entre tous les médias où il intervient, en plus de son blog jeanmarcmorandini.com, à l’affût de toutes les rumeurs, «JMM» sait assurer sans complexe son auto-promotion et devient incontournable. Avec son équipe, il est extrêmement présent sur Twitter, où son compte est suivi par près de 900.000 abonnés. Sur Europe 1, son principal employeur, son «Grand direct des médias» rassemble chaque jour plus de 1,5 million d’auditeurs, selon la radio privée, un succès attribué à l’absence de «langue de bois» du programme. Dans cette émission, dont la présentation a été pour le moment confiée à Thomas Joubert, Jean-Marc Morandini distribue bons et mauvais points à ses confrères des médias, ce qui lui a valu beaucoup d’inimitiés. «Je suis très content de susciter des réactions. Dans ce métier, il n’y a rien de pire que d’être lisse», assurait l’animateur en 2015. Dos au mur depuis les révélations des Inrocks, l’homme qui anime également «Crimes» depuis 2013 sur NRJ 12, consacré aux faits divers, voit son avenir assombri.  Son arrivée prévue à la rentrée sur la chaîne iTÉLÉ (future Cnews), consécration de son ambition professionnelle, a été repoussée sine die. La collaboration avec le groupe Canal + pourrait ne pas voir le jour en cas de condamnation. En attendant, le créneau de 18H00 à 19H00 est occupé par la journaliste Amandine Bégot. Si l’animateur s’est habitué à vivre avec les critiques, il réclame avec force «une réglementation beaucoup plus dure sur les réseaux sociaux». «Je suis totalement opposé à l’anonymat, sur Twitter en particulier. Ça permet de déverser une haine, d’insulter les gens en permanence sans qu’il n’y ait jamais aucune suite». Réagissant aux accusations le touchant, il s’en était pris avant l’été à une autre vedette du PAF, l’animateur Marc-Olivier Fogiel, et promis de «restaurer» son «honneur» de «Corse».