L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a accusé mardi l’opérateur kényan des télécommunications Safaricom de faire pression sur un groupe de médias, après la parution d’informations selon lesquelles il a aidé les forces de sécurité dans leur surveillance. En octobre, le groupe Nation Media Group a publié une enquête accusant l’opérateur Safaricom d’avoir remis des données de clients aux forces de sécurité pour pister des suspects. RSF affirme que Safaricom a réagi en menaçant d’une action en justice The Nation puis en retirant leurs publicités. Selon l’organisation, des comptes anonymes sur les réseaux sociaux ont aussi tenté de lancer une campagne de diffamation contre The Nation, utilisant de faux documents du gouvernement sur une prétendue enquête contre le groupe de médias pour propagation de fausse information. «L’enquête menée par Nation Media Group est d’intérêt public, en particulier parce qu’elle a permis au grand public d’être informé de l’implication de Safaricom dans un scandale d’Etat», a commenté dans un communiqué Sadibou Marong, directeur de RSF pour l’Afrique subsaharienne. «Il est inacceptable qu’après la publication de l’enquête fin octobre, l’opérateur de télécommunications continue de s’activer pour dissimuler les révélations médiatiques, alors même que les journalistes ont donné la possibilité à Safaricom de commenter», a-t-il ajouté. L’enquête de The Nation affirmait que les agences de sécurité kényanes ont «eu pendant des années un accès pratiquement illimité aux enregistrements de données d’appels sensibles des clients de téléphonie mobile, ainsi qu’aux données de localisation, les aidant ainsi à traquer et capturer les criminels présumés». L’enquête était particulièrement sensible compte-tenu de la colère et de la peur qui s’est répandue au Kenya après une récente vague d’enlèvements, imputés aux forces de sécurité, ciblant les personnes impliquées dans les manifestations antigouvernementales cette année.
