L. BENEDETTI (CANAL+) : «Nous lançons le label Création Décalée pour produire des objets audiovisuels non identifiés»

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Lorenzo BENEDETTI, DG de Studio Bagel et Directeur de la Création Digitale de CANAL+

CANAL+ mise sur les créations originales, y compris sur le digital. A partir du 15 décembre, sera diffusée «Calls», la première série qui s’écoute. Pour nous parler de ses ambitions, média+ s’est entretenu avec Lorenzo BENEDETTI, DG de Studio Bagel et Directeur de la Création Digitale de CANAL+.

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CANAL+ lance un nouveau label baptisé «Création Décalée». De quoi s’agit-il ?

Lorenzo BENEDETTI

Ce nouveau label a pour ambition de produire des objets audiovisuels non identifiés. Les contenus proposés seront destinés non seulement à la télévision mais aussi au digital. Nous y retrouverons des séries inédites, originales et ambitieuses à l’instar de «Calls», la première série qui s’écoute et de «Rendez-vous avec Kévin Razy» qui revient pour une deuxième saison (actuellement en tournage). Parmi les nouveaux programmes, il y aura Monsieur Poulpe qui nous prépare une émission sur le sexe. A cela s’ajouteront des cartes blanches données aux talents du Studio Bagel. Chacun d’entre eux aura 26 minutes pour investir un univers et nous livrer un unitaire.

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Le pont entre le digital et la télévision est-il définitivement établi ?

Lorenzo BENEDETTI

Nous avons une approche complètement transmédia. C’est un état de fait ! Aujourd’hui, l’application MYCANAL est disponible auprès de 8 millions de personnes. Elle permet de regarder la télévision et de découvrir des concepts nouveaux destinés aux abonnés et aux prospects. Le tournant du digital s’accompagne de nouveaux formats.

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Combien de nouveaux formats lancez-vous chaque année ?

Lorenzo BENEDETTI

Au sein de la société de production de Studio Bagel, nous avons une dizaine de projets ambitieux. Nous essayons de faire vivre notre vivier de talents (une vingtaine) afin de nourrir les antennes. Peu importe que les contenus naissent en digital ou directement en télévision. Du moment que les gens les consomment, c’est l’essentiel.

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Quelle est la typologie des formats proposés ?

Lorenzo BENEDETTI

Les contenus sont multiformes. L’exemple le plus probant est celui de «Calls», dix épisodes de 10 à 13’, qui débarquent le 15 décembre sur CANAL+ Décalé. Cette série sans images retrace plusieurs enregistrements sonores retrouvés après de tragiques événements, tous connectés d’une manière ou d’une autre à une apocalypse imminente. Il était question d’explorer la puissance du son et de l’imagination du spectateur. Le casting de voix est très riche : Gaspard Ulliel, Sara Forestier, Mathieu Kassovitz, Charlotte Le Bon, Kyan Khojandi, Baptiste Lecaplain,… Cette série créée par Timothée Hochet est destinée à être consommée sur plusieurs supports.

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Même si des passerelles sont établies entre le digital et la TV, la dimension économique reste forcément différente…

Lorenzo BENEDETTI

C’est en train de changer. Nous essayons de faire sauter ces frontières. Il faut considérer un programme non pas par son point de destination mais par son intérêt et son juste coût. C’est comme cela que nous considérons la gestion d’une IP, d’une marque ou d’un talent. Il faut raisonner par programme. Le coût de «Calls» par exemple est aux alentours de 300.000 € pour l’ensemble des épisodes. C’est évidemment inférieur à une série traditionnelle mais il y a de l’ambition. Certains épisodes ont été enregistrés avec le concours d’ingénieurs de Radio France en son binaural (3D sonore).