L. BOUDECHICHE (CANAL+) : «Sur le flux ? On ne s’interdit rien !»

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CANAL+ réinvente l’un des jeux de société français les plus vendus au monde, «Les Loups-Garous de Thiercelieux», une première mondiale, avec la diffusion de deux épisodes chaque vendredi en Prime Time à partir du 11 octobre. Entretien avec Lyes BOUDECHICHE, Directeur de programmes de CANAL+.

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Qu’est-ce qui a poussé CANAL+ à réinvestir les programmes de flux ?
LYES BOUDECHICHE

Nous avons souhaité revenir au flux pour plusieurs raisons, mais avant tout pour intensifier d’avantage la relation avec nos abonnés. Le flux a cette force-là. C’est un genre que nous avions un peu mis de côté au profit de la fiction, des séries et du sport. Le flux est par ailleurs un domaine auquel je suis particulièrement attaché, après avoir longtemps collaboré avec Fremantle, Bangumi, BBC Studios, et ensuite avoir pris la direction de Studio Bagel chez CANAL+, qui était plutôt orienté vers la fiction et la comédie. Aujourd’hui, j’ai un périmètre plus large qui va du flux à certains formats de fiction et permet donc de faire des liens cohérents entre les deux. C’est ce que nous avons fait avec «Loups Garous». D’autre part, nous avons amorcé ce retour au flux en nous appuyant sur l’un de nos piliers : le sport. La saison dernière, nous avons lancé «Au Micro», qui a rencontré un franc succès et a marqué ce retour du flux crypté.

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Pourquoi avoir misé sur l’adaptation du jeu «Les Loups-garous de Thiercelieux» ?
LYES BOUDECHICHE

L’adaptation des «Loups-Garous» est née d’une conjonction de plusieurs facteurs. Fary et Panayotis Pascot nous ont présenté ce projet qui correspondait parfaitement à l’ADN de CANAL+. Le jeu possède une mythologie extrêmement puissante et une imagerie très forte, ce qui permet de créer une esthétique très marquante, une dimension évidemment fondamentale dans une adaptation audiovisuelle. Malgré une règle de base simple – un groupe d’humains confronté à des éléments perturbateurs -, c’est un jeu très sophistiqué qui repose sur la dissimulation et la stratégie, ce qui lui confère un ton particulier. Deux aspects étaient essentiels pour que CANAL+ s’engage dans ce projet : le ton et l’esthétique. Le format s’y prêtait parfaitement, et après avoir travaillé sur la mécanique du jeu, nous avons déterminé que 8 épisodes de 40’ étaient la durée optimale pour exploiter tout son potentiel.

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Ce programme s’inscrit dans l’identité de marque de CANAL+…
LYES BOUDECHICHE

Absolument ! C’est un autre volet de notre identité de marque, un sillon que nous souhaitons creuser désormais. Le jeu des «Loups-Garous» se joue en général entre potes, autour d’une table sur une soirée. Là, le défi était de créer une partie sur 12 jours, mettant en scène des joueurs hors pair, mais aussi et surtout de proposer une grammaire inédite pour un jeu télévisé.

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Comment envisagez-vous de vous différencier de la concurrence ? Beaucoup font le parallèle avec «Les Traîtres» (M6) ou encore «Le Maître du Jeu» (TF1)…
LYES BOUDECHICHE

Le jeu de rôle et de dissimulation constitue un genre à part entière à la télévision. Il existe une vingtaine de formats sur le marché, dont plusieurs n’ont pas encore été adaptés. Parmi eux, «Les Loups-Garous» nous a semblé être celui doté de la mythologie la plus forte et de la sophistication la plus poussée. En France, 10 millions de personnes ont déjà joué à ce jeu, et 1 Français sur 4 le connaît. Pour toutes ces raisons, le jeu se démarque. La différenciation, c’est un pré requis sur tout ce que nous faisons chez CANAL+. Quand on initie des programmes, on essaie de le faire à notre manière : de l’idée à l’esthétique, de la tonalité au montage qui emprunte aux codes de la fiction. Cette singularité se reflète jusque dans notre approche de communication.

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A qui vous adressez-vous en flux ?
LYES BOUDECHICHE

Notre priorité est bien sûr de satisfaire nos abonnés. Nous voulons également attirer ceux qui ne sont pas encore totalement immergés dans l’univers CANAL+. C’est pourquoi nous avons choisi de diffuser le premier épisode de «Loups-Garous» en clair le 11 octobre. Pour faire le parallèle avec l’émission «Au Micro», un tiers de l’audience avait moins de 26 ans, ce qui montre qu’il y a un véritable appétit chez les jeunes pour le genre. Nous allons donc continuer à faire des propositions.

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Comment équilibrez-vous la création de formats et l’adaptation de formats ?
LYES BOUDECHICHE

Notre vocation n’est pas d’acheter des formats préexistants, car nous sommes avant tout une chaîne de création. Nous préférons que les producteurs viennent vers nous avec leurs propositions originales, afin de développer des concepts uniques et innovants.

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Les plateformes de streaming investissent fortement sur le flux, à travers des méga formats très spectaculaires. Et vous ?
LYES BOUDECHICHE

On ne s’interdit rien. Nous avançons prudemment parce que l’objectif est de bien faire les choses. Notre politique repose sur une approche de qualité plutôt que de quantité : faire moins, mais le faire bien. Évidemment, les choses peuvent s’accélérer en fonction de l’accueil que nos projets reçoivent. Sur tous nos labels, la qualité prime toujours. Nous allons consolider la marque «Au Micro», qui revient pour une deuxième saison. Nous sommes actuellement en phase de pré-production.