L. HERSZBERG (Séries Mania): «Notre ambition est de constituer en France et en Europe le festival de référence des séries»

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Créé à Paris en 2010 par Laurence HERSZBERG, le festival Séries Mania propose en avant-première et sur grand écran quelques-unes des meilleures séries du monde entier, offrant ainsi au grand public (55.700 spectateurs en 2018) et à plus de 2.000 professionnels français et étrangers l’opportunité de rencontrer à Lille, tout au long des 9 jours du festival (du 22 au 30 mars 2019), les créateurs, scénaristes, réalisateurs et talents parmi les plus renommés de l’univers série d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Rencontre avec Laurence HERSZBERG, Directrice générale de Séries Mania.

MEDIA +

Près de 10 ans après la création de Séries Mania, dans quelles mesures la perception du genre «série» a-t-elle changé ?

LAURENCE HERSZBERG

La série a changé le mode narratif de l’audiovisuel. A travers les années, nous nous sommes rendu compte que c’était devenu un phénomène mondial. On l’observe non seulement à travers notre programmation mais aussi dans les projets que nous recevons. Dans le cadre de notre forum de coproductions, nous recevons des séries d’Afrique du Sud, du Liban ou encore de la région des Balkans. En Europe, il y a la réémergence forte de l’Espagne et de l’Italie. Cette année, nous avons des séries qui viennent aussi de Russie, d’Indonésie et de Corée. Parmi les 374 projets reçus, 15 ont été sélectionnés.

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Plus largement, dans le cadre du festival, votre équipe a visionné 450 séries pour en retenir 70. Que vous inspire cette profusion de productions ? 

LAURENCE HERSZBERG

Chaque année, nous voyons émerger de vraies tendances. Il y a de plus en plus de séries politiques qui mettent en perspective de grandes lignes politiques du passé, en résonance avec l’actualité. La thématique des migrants est fortement présente. D’autres séries anticipent le futur à partir des tendances actuelles. C’est le cas de «Black Mirror». D’ailleurs, nous sommes très heureux de recevoir Charlie Brooker, son créateur. Il va pouvoir nous expliquer comment lui est venue cette source d’inspiration bien avant tout le monde.

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Quels sont les nouveaux défis de Séries Mania ?

LAURENCE HERSZBERG

Notre ambition est de constituer en France et en Europe le festival de référence des séries. Le défi est de réunir davantage de spectateurs et d’attirer un public au-delà de la région Haut-de-France. L’enjeu est aussi professionnel.

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Quel objectif vous donnez-vous ?

LAURENCE HERSZBERG

Nous voulons imposer Séries Mania comme étant un événement de référence pour ceux qui font l’industrie des séries en Europe, et au-delà. Les professionnels trouveront un lieu pour se réunir et initier des coproductions. Au forum, nous avons donné une place de plus en plus importante à l’innovation et à la réalité virtuelle. On s’interroge sur les nouvelles formes de diffusion. Pour la première fois, nous aurons des conférences autour de cette thématique. C’est un bouleversement de l’industrie qui n’est pas encore si présent mais qui devrait prendre de l’importance.

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Quel est le budget de Séries Mania ?

LAURENCE HERSZBERG

6,3 M€.

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Comment se transforme le secteur des séries ? 

LAURENCE HERSZBERG

Il y a d’abord un phénomène de concentration évident. De grands groupes internationaux se structurent en rachetant des filiales. Ils produisent à l’échelle globale pour un marché de plus en plus international. Les groupes mondiaux, plateformes ou studios, s’intéressent aux créations européennes. C’est à la fois une chance pour les scénaristes et les producteurs, mais c’est aussi un défi pour les télévisions européennes publiques ou commerciales.

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Les plateformes impactent aussi fortement le business des séries…

LAURENCE HERSZBERG

Oui, l’arrivée des plateformes de diffusion remet en cause les modes de financement et l’écosystème européen. Ces dernières ne passent pas par le process habituel auquel les producteurs, distributeurs et chaînes étaient habitués. Les plateformes bousculent toutes les chaînes de fabrication. D’autre part, il y a la convergence de l’écriture et des talents qui viennent du cinéma et de la télévision. Les équilibres entre ces deux arts bougent. La télévision attire des réalisateurs et scénaristes de cinéma.

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Quel rayonnement international espérez-vous autour de Séries Mania?

LAURENCE HERSZBERG

Nous voulons construire une stratégie à l’international en montant des événements filiaux. Nous avons créé Séries Mania à Melbourne il y a deux ans. Nous voulons en créer un en Asie et un autre dans les pays arabes. A terme, il y aura quatre Séries Mania qui créeront un réseau reconnaissable pour les professionnels. Ces derniers pourront faire tourner leurs projets, mieux les diffuser, les vendre et avoir accès à des coproducteurs, plus facilement.