La chaîne polonaise d’informations en continue TVN24 (groupe Discovery), souvent critique à l’égard du gouvernement conservateur-nationaliste, a obtenu finalement le renouvellement de sa concession d’émettre en Pologne, a annoncé mercredi le Conseil national de l’audiovisuel.
La décision, attendue depuis près de 19 mois, et prise à quatre jours seulement de l’expiration de l’autorisation actuelle, a obtenu quatre voix pour et une voix contre, a annoncé à la presse Teresa Brykczynska, la porte-parole du Conseil. Au début de septembre, le Sénat polonais, contrôlé d’une courte majorité par l’opposition, a rejeté une loi considérée par ses détracteurs comme une tentative du gouvernement populiste de droite de réduire TVN24 au silence.
Le texte peut encore être adopté si la chambre basse du Parlement se prononce en sa faveur, comme elle l’a fait le mois dernier. Si elle est adoptée, elle empêcherait les sociétés n’appartenant pas à l’espace économique européen de détenir une participation majoritaire dans les groupes de médias polonais. Selon le gouvernement, cette loi devait empêcher le capital russe d’entrer sur le marché des médias en Pologne. Mais en même temps cela obligerait le groupe américain Discovery à vendre sa participation majoritaire dans TVN, l’un des plus grands réseaux de télévision privés de Pologne, dont TVN24, principale chaîne d’information indépendante du pays, fait partie.
Ce texte «envoie un signal négatif», a regretté la vice-présidente de l’exécutif bruxellois Vera Jourova chargée des valeurs, dans un commentaire. Les États-Unis se sont dits «profondément troublés» par cette loi, mettant en garde contre son impact potentiel négatif sur la liberté de la presse en Pologne et sur le climat commercial pour les investisseurs étrangers. Washington a demandé au président Andrzej Duda d’opposer son veto à cette loi.
Pour parer au danger de ne pas voir reconduire sa licence en Pologne, Discovery a demandé en parallèle et obtenu une licence aux Pays-Bas qui pourrait lui permettre de continuer à diffuser en Pologne même en l’absence de sa licence polonaise.Reporters Sans Frontières, un groupe de défense des droits des médias basé à Paris, a critiqué la législation proposée, qualifiant TVN de «joyau de la couronne de la démocratie polonaise». Depuis l’arrivée au pouvoir du parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS) en 2015, la Pologne a perdu 46 places dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF, chutant à la 64e position.
