La Cour des comptes juge France Télé en «situation financière critique»

La Cour des comptes juge France Télé en «situation financière critique»

Cible des médias Bolloré et du RN, France Télévisions fait face à un nouveau front : la Cour des comptes a jugé mardi le groupe public «dos au mur», en raison d’une «situation financière critique» imposant «sans délai des réformes structurelles». France Télé «se trouve dans une situation à nos yeux qui n’est plus soutenable», «qu’une entreprise normale ne pourrait tolérer», a averti en conférence de presse le président de la Cour Pierre Moscovici. Si rien n’est fait, il existe un risque hypothétique de «dissolution» du groupe public présidé par Delphine Ernotte Cunci. Pour la 1ère fois, elle a fait adopter un budget en déficit pour 2025, de 40 millions d’euros. Les «charges de personnel et de fonctionnement» ainsi que les «investissements nécessaires notamment dans le numérique» rendent «inéluctables» des changements, presse la Cour dans un rapport, dix ans après un précédent contrôle. Alors que les contenus télévisés se consomment de plus en plus en ligne et en différé, un investissement supplémentaire de 95 millions d’euros dans le numérique est demandé, face à la concurrence des plateformes de type Netflix et YouTube. «Nous nous tournons clairement vers la tutelle», c’est-à-dire l’Etat, a lancé M. Moscovici. «Nous voulons une entreprise publique plus forte» et «non pas affaiblie», a-t-il aussi plaidé, considérant France Télévisions «indispensable au débat démocratique», menacé par les «fake news» et les réseaux sociaux. La Cour demande que l’Etat fixe à l’entreprise «une trajectoire financière réaliste», après des «orientations contradictoires» en 2023 et 2024. L’institution préconise également une renégociation «dans les meilleurs délais» de l’accord social s’appliquant à l’entreprise, pour davantage de polyvalence – ce qui est prévu. France Télévisions comprend les chaînes France 2, France 3 et ses 24 antennes régionales, France 4, France 5, franceinfo et le réseau Outre-mer La Première. La Cour des comptes se félicite de la «place de 1er plan» de France Télé dans les audiences, y compris en streaming. Elle suggère d’accroître les synergies entre France 3 et le réseau Ici des ex-radios France Bleu, sans attendre que se concrétise le projet de rapprochement des entreprises de l’audiovisuel public sous une holding commune, porté par la ministre de la Culture sortante Rachida Dati. Dans un courrier à la Cour, Mme Ernotte Cunci indique en retour que «France Télévisions souscrit à l’ensemble des recommandations formulées» et «travaille déjà à leur mise en oeuvre». Le constat d’une «situation financière critique», «après 10 années d’efforts», «rejoint les alertes formulées à de multiples reprises» à l’adresse de l’Etat, abonde le groupe dans un communiqué. La dotation publique annuelle qu’il reçoit s’élève à 2,5 milliards d’euros. France Télé compte quelque 9.000 salariés (équivalent temps plein), après des réductions d’effectifs. La Cour des comptes retient quelques points de vigilance, comme «des frais de mission élevés» et «certains niveaux de salaires» pour des personnes cumulant avec d’autres emplois. Plus globalement, France Télé se trouve dans une «impasse», malgré des réformes depuis une décennie ayant «permis de dégager des marges de manoeuvre significatives», insistent les Sages de la rue Cambon. Le contexte est très tendu pour FTV et plus largement l’audiovisuel public, que le RN veut privatiser. «Alors que nos finances publiques connaissent une grave crise, il y a plus que jamais urgence», a réagi sur le réseau social X la cheffe des députés RN Marine Le Pen. Elle retient du rapport une «gestion catastrophique» de France Télé et le «train de vie dispendieux» d’une entreprise «d’un autre temps». La patronne de France Télé, en fonction depuis 2015 et renouvelée en mai pour un 3ème mandat, avait qualifié la semaine dernière CNews de «chaîne d’extrême droite».

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