La France rattrape son retard en matière de création pour la télévision

    Longtemps à la traîne des autres pays européens, la France rattrape lentement son retard en matière de production et de diffusion de fictions et documentaires inédits pour la télévision, selon l’Association pour la promotion de la production audiovisuelle (Appa). «Je suis très optimiste», indique Jean-François Boyer, président de l’Appa, qui organise lundi au Sénat pour la quatrième année consécutive une «Journée de la création TV». Selon l’étude publiée à cette occasion, la France est passée de 578 heures de diffusion de fiction nationale inédite en 2004 à 723 heures en 2006, soit une hausse de 25,08%. «Nous sommes confrontés au tsunami de la fiction américaine qui nous oblige à nous remettre en cause. Mais, aujourd’hui, l’avant-garde de la création est du côté de la télévision», indique Jean-François Boyer. Tandis que la diffusion des fictions françaises progresse sur les chaînes hertziennes, la diffusion des fictions américaines connaît un fléchissement continu depuis 2003. Sur TF1, France 2, France 3, Canal+ (en clair), France 5, ARTE et M6, la fiction reste le genre le plus apprécié du public. Alors que les fictions ont occupé sur ces sept chaînes moins d’un cinquième du temps d’antenne, les téléspectateurs ont consacré à la fiction plus du quart du temps passé devant le téléviseur. L’Appa constate notamment une «spectaculaire réussite» des mécanismes d’incitation à la relocalisation des tournages en France. «En 2003, plus du quart des tournages français de télévision étaient délocalisés à l’étranger. En 2006, la quasi-totalité des films de fiction française sont tournés en France», souligne avec satisfaction Jean-François Boyer. Les investissements des chaînes françaises, qui financent la fiction nationale à 80%, se poursuivent. Ainsi, Canal+, dont les investissements annuels progressent depuis plusieurs années, se rapproche de M6: 37,9 millions d’euros pour M6 en 2006, 32,9 millions d’euros pour Canal+. «On a revalorisé la situation de la production française de fiction sur le plan économique», note le président de l’Appa. Selon lui, la France a su aussi moderniser ses séries, passant du format de 90′ par épisode à celui de 52 ou 26′, popularisé par les Etats-Unis. «Enfin, la France rattrape le peloton de la production audiovisuelle moderne, les séries de 52’», commente le président de l’Appa. «Il faut que les scénaristes, les réalisateurs et les producteurs apprennent à écrire et à produire des séries de qualité françaises», déclare-t-il, estimant que «le prochain défi» pour les Français est d’apprendre «à faire des séries feuilletonnantes» à la mode américaine, où chaque épisode appelle le suivant. L’Association est également optimiste pour le documentaire, qui est pour la première fois associé à la réflexion sur la création, à côté de la fiction. Au moment où se développe le genre du «documentaire-fiction», on constate une «hausse notable» des diffuseurs dans le financement du documentaire, tandis que la part des producteurs tend à baisser. Le volume d’heures commandé par Canal+ dans ce genre ainsi que ses investissements sont en forte augmentation. Mais France 3 reste en tête du volume d’heures commandé (365), malgré une baisse depuis 2004.