La frontière entre le cinéma et les jeux vidéo est en train de disparaître, explique le producteur du film d’animation «Super Mario Bros»

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La frontière entre le cinéma et les jeux vidéo est en train de disparaître, explique Chris Meledandri, à l’occasion de la sortie du film d’animation «Super Mario Bros», sur le personnage phare de Nintendo. «Je pense qu’il y a une évolution naturelle vers un brouillage des frontières», estime le fondateur du studio Illumination, qui a co-produit ce film après un travail de six ans en collaboration avec le créateur de Mario, Shigeru Miyamoto. «On commence à voir des jeux avec un rendu en temps réel d’une telle puissance que la qualité visuelle des jeux est tout simplement stupéfiante», observe Chris Meledandri. «On voit des jeux qui intègrent la narration de manière très efficace. On commence à voir des artistes travailler dans les deux univers». Déjà derrière les succès mondiaux «Moi, Moche et Méchant» et «Les Minions», le studio parisien Illumination s’est attaqué au mythe Mario avec cette même ambition de mélanger les genres. Grâce à sa réputation, il a pu s’offrir un casting de luxe pour les doublages du film en VO, avec notamment Chris Pratt pour prêter sa voix au petit plombier et Jack Black pour interpréter le méchant Bowser. Le pari était pourtant loin d’être évident, étant donné le bide réalisé par la première adaptation des aventures de Mario sur grand écran en 1993. Un précédent complètement kitsch, que le studio a volontairement ignoré. «Je ne me souviens d’aucune conversation sur le film de 1993. Il en a peut-être été question trois fois», raconte M. Meledandri. D’autres adaptations de jeux vidéo ont depuis réussi leur passage au cinéma ou en série, à l’instar de «Lara Croft: Tomb Raider», «Warcraft», la série animée «Arcane» de Netflix, ou encore le récent feuilleton «The Last Of Us» de HBO. Pour Chris Meledandri, baser un film sur un jeu vidéo est «parfaitement viable», à condition que les producteurs collaborent avec les créateurs du jeu. Une méthode loin d’être toujours appliquée par Hollywood, où les développeurs ne sont pas toujours associés à la production du film. «Si les gens continuent à le faire comme ils l’ont fait par le passé, je pense qu’il leur sera plus difficile de faire des films solides», estime Chris Meledandri. Alors que la qualité des jeux augmente sans cesse et s’approche de celle du cinéma, transposer l’interactivité du jeu vidéo dans un film reste un défi, selon le producteur. Des «gens très talentueux» comme Charlie Brooker se sont essayés à l’interactivité avec la série «Black Mirror», dont un épisode intitulé «Bandersnatch» permettait aux téléspectateurs de faire des choix qui influençaient l’histoire, rappelle-t-il. «C’est l’une de ces notions qui a captivé les gens pendant de nombreuses années, mais fondamentalement, je pense qu’elle est beaucoup plus difficile à réaliser», résume Chris Meledandri.