La presse magazine à l’aube de «grands bouleversements»

    Confrontée à une baisse de la diffusion et à la recherche d’un nouvel eldorado sur Internet, la presse magazine est à l’aube de «grands bouleversements», qui devraient conduire à de nouvelles fermetures de titres, ont estimé lundi les patrons des grands groupes de presse français. Dans les «trois prochaines années, on va connaître des bouleversements supérieurs à tout ce qu’on a pu vivre ces dernières années», a averti le P.-D-G de Mondadori France, Arnaud de Puyfontaine, lors d’une table ronde organisée dans le cadre de la semaine de la presse magazine. «Il y aura de nouvelles fermetures de titres. Les plus grandes consolidations ont déjà eu lieu, mais il en aura d’autres», a-t-il jugé. «Regardez le nombre de titres en concurrence sur le marché des féminins: ce n’est pas durable. Ce qui fera la différence c’est le sens et la marque», a renchéri son homologue de Lagardère Active Média, Didier Quillot. Même constat pour Jean-Louis Servan-Schreiber, P-D-G de Finev, selon qui «tous les titres bégayent». «Ça va être une ère de restructuration très difficile à mener de front avec une ère de création sur Internet», a estimé l’éditeur du magazine à succès «Psychologies». Si les Français sont de grands amateurs de magazines – 97,2% d’entre eux lisent au moins un titre chaque mois -, leur diffusion a reculé de 2,85% en 2005, pour une audience stable. L’ensemble des groupes de presse cherchent la parade et se tournent naturellement vers Internet. «Notre révolution culturelle, c’est de considérer qu’on n’est plus une entreprise de presse papier mais une entreprise qui produit du contenu journalistique», a expliqué Fabrice Boé, P-D-G de Prisma Presse. Lagardère Active Média (numéro un de la presse magazine française) compte y réaliser 5 à 10% de son chiffre d’affaires global d’ici à fin 2009, Prisma Presse (numéro deux) vise à terme «10 à 15%» et Mondadori (numéro trois) «10 à 20%». Le modèle économique d’Internet est en effet «plus profitable que celui de l’écrit», a souligné M. Quillot, expliquant: «c’est un modèle à bas revenus et à bas coûts. Dès qu’on atteint le point mort sur Internet, on a une rentabilité élevée». Lemonde.fr, considéré comme un des grandes réussites du secteur, parvient ainsi à un taux de rentabilité d’environ 30% pour un chiffre d’affaires de 14 -15 millions d’euros, a indiqué le directeur de Monde Interactif, Bruno Patino. Mais les modèles économiques et éditoriaux d’Internet sont encore balbutiants. «Aujourd’hui, la chose la plus difficile que je doive faire comprendre à mes actionnaires, c’est que le modèle d’Internet n’est pas stabilisé. Personne ne peut dire ce qu’il sera dans cinq ans», a prévenu M. Patino.