Des millions de téléspectateurs asiatiques se caleront dans leur fauteuil cette semaine, le coeur battant, pour l’apothéose d’un feuilleton sud-coréen qui a notamment captivé le chef de la junte thaïlandaise et conduit les autorités de Pékin à prodiguer des conseils sentimentaux à leurs concitoyens. Les «Descendants du soleil» raconte l’histoire d’un capitaine de l’armée dépêché pour une mission de maintien de la paix dans un pays en guerre fictif, Uruk, où il tombe amoureux d’une chirurgienne employée par une ONG médicale. Ses deux jeunes stars font chavirer les coeurs dans toute la région. Car si le feuilleton en 16 épisodes a réalisé d’impressionnants scores d’audience à domicile pour la chaîne KBS, c’est à l’étranger qu’il a véritablement cartonné. La série est saluée comme un signe de la renaissance de la «Hallyu», la vague coréenne de K-pop et de K-drama qui a commencé à se répandre en Asie au début des années 2000. Elle est particulièrement populaire en Chine, où elle est diffusée en simultané par le site de streaming iQiyi.com, qui affiche plus de deux milliards de vues accumulées, et où elle est devenue le sujet numéro un de recherche et de discussion sur Weibo, le Twitter local. «Si je continue à regarder la K-drama, est-ce que je trouverai un mari acceptable?», se demande une utilisatrice de Weibo qui se dit «totalement amoureuse» du personnage joué par Song Joong-Ki. L’engouement de milliers de Chinoises souffrant «de la maladie de Song Joong-Ki» a suscité une mise en garde ironique du ministère chinois de la Sécurité publique. «En pourchassant des stars, hommes ou femmes, ne vous amourachez pas trop, car parfois, des paroles irréfléchies peuvent faire mal à ceux pour qui vous comptez vraiment», a dit le ministère sur son compte Weibo. La «maladie» n’a pas de frontières. A Singapour, Jamayne Lam explique que Song correspond au «rêve de toutes les filles». Elle est devenue accroc en à peine 10 minutes et a regardé en deux jours les 11 épisodes alors disponibles. A Hong Kong, la série est diffusée sur Viu TV, qui a également un portail internet. Les gens aiment la regarder sur leur smartphone en allant au travail. «Après avoir vu le premier épisode, je n’ai pas pu m’empêcher de continuer», raconte Susan Yuen, employée de bureau de 30 ans. D’ordinaire, les séries sud-coréennes sont filmées au fur et à mesure pour permettre d’éventuelles corrections de tir en fonction de l’audimat. Mais celle-ci a été tournée en une seule fois afin de «répondre aux exigences de la censure pour notre première diffusion simultanée en Chine», explique le producteur sud-coréen Next Entertainment World (NEW). C’était un gros «risque». «Aucun feuilleton dramatique pré-enregistré n’avait eu de succès», souligne-t-il. La censure a eu son mot à dire sur la version chinoise, où une scène de combats entre soldats nord et sud-coréens a disparu. Mais le pré-enregistrement a permis une importante campagne promotionnelle, avec des bandes-annonces diffusées trois mois en amont. Les droits ont été vendus à 32 pays, dont les Etats-Unis, la Russie, la France et la Grande-Bretagne. Le succès s’appuie sur une recette qui a fait des K-dramas des produits d’exportation lucratifs: de séduisants premiers rôles, du mélodrame et de l’amour.
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