La télévision traditionnelle résiste malgré la concurrence des plateformes de streaming 

Malgré le succès des plateformes de streaming, «la télévision n’est pas morte, loin de là», assure Christopher Baldelli, dirigeant de la future chaîne T18, alors que les candidats se sont bousculés pour le récent renouvellement des fréquences de la TNT. «La TNT (télévision numérique terrestre) conservera longtemps des atouts et une attractivité importante (…), même s’il faut en parallèle se préparer aux défis du futur», résume Martin Ajdari, nouveau président de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel. Pas moins de 24 candidatures ont été enregistrées en 2024 pour les 15 canaux remis en jeu. Le président du groupe L’Express, Alain Weill, fondateur de BFMTV, en était. Un an auparavant, le milliardaire Xavier Niel, fondateur du groupe de télécommunications Iliad, était sur les rangs pour la reprise de la fréquence de M6, sans davantage de succès. Car, même si «la télé coûte cher» à produire, elle est «un média du présent et des années à venir», a clamé le patron de T18 mi-janvier, lors du festival Médias en Seine à Paris. La chaîne va être lancée sur le petit écran le 6 juin. Propriété du magnat tchèque Daniel Kretinsky, elle escompte atteindre l’équilibre financier dès la 4e année. Avec une autre chaîne créée par Ouest-France, elles ont été préférées à C8 et NRJ12, qui perdront leur créneau le 28 février. 

Gratuité : Autant d’appétence pour la TNT n’est pas intuitif, au regard de l’évolution des pratiques des Français. Sur les 4 heures et 23 minutes de vidéos regardées en moyenne par jour en 2024, deux tiers (64%) ont été consacrés à la télévision en direct. Mais pour un tiers (36%), une proportion croissante, il s’agit de contenus à la demande, selon Médiamétrie. Ces contenus comprennent streaming, réseaux sociaux et plateformes lancées par les chaînes, qui développent leurs propres offres. La vieille télé est cependant loin d’avoir dit son dernier mot. Pour preuve, l’année 2024 a enregistré une série d’audiences au firmament, entre Jeux olympiques et paralympiques, et également séquence électorale. La cérémonie d’ouverture des JO le 26 juillet a ainsi rassemblé plus de 23 millions de téléspectateurs en direct – 24,4 millions «replay» inclus, soit la meilleure audience de l’histoire de la télévision. Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions, se félicite de pouvoir encore créer «du commun». Elle défend ardemment la TNT, «seul moyen d’accès à la télévision réellement gratuit», moyennant une antenne râteau, et «qui reste accessible de 99% du territoire». La TNT, qui a pris en 2005 le relais de la diffusion hertzienne analogique, reste l’unique mode de réception de la télévision pour près de 17% des foyers équipés d’un poste – une population toutefois vieillissante. Au-delà, elle structure encore largement le paysage audiovisuel français. Vingt-cinq chaînes nationales y sont proposées gratuitement. Les payantes font moins recette et il ne va bientôt plus en rester qu’une, Paris Première. Car le groupe Canal+ a annoncé en décembre avec fracas le retrait des quatre siennes (Canal+, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Planète).