«Convertir des chercheurs à l’entreprenariat»: l’association France Deeptech lancée mercredi se fixe pour objectif de rapprocher les labos et universités des investisseurs privés et publics, afin de faire émerger des technologies nouvelles dans le monde de l’entreprise.
«La deeptech a intérêt à se fédérer pour avoir du poids», a affirmé Michel de Lempdes, associé gérant du fonds spécialisé Omnes Capital, et président de l’association. L’appellation, très large, regroupe les entreprises qui développent des «technologies de rupture issues de la recherche fondamentale mais dans des disciplines scientifiques très variées», explique-t-il. Spatial, informatique quantique, clean tech (centrées sur les «technologies propres»), nucléaire, cybersécurité et intelligence artificielle en font ainsi partie.
Du fait de leur objectif industriel, ces entreprises ont des besoins importants en capitaux, estimés selon le cabinet BCG à 12 milliards d’euros entre 2024 et 2026, indique Michel de Lempdes. Mais elles ont «des niveaux de maturités très différents».
La star tricolore du quantique Pasqal a ainsi levé 100 millions d’euros cette année quand beaucoup cherchent encore une idée à creuser. «On va financer des chercheurs qui sont clairs dans leur tête. On ne veut pas des start-up Bonzai entretenues pendant des années sans objectif de croissance. La science pour la science, c’est sympa, mais on n’a plus les moyens», lache Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance. En 2019, un plan de 3 milliards d’euros d’argent public a été annoncé à destination de cet écosystème, auxquels se sont ajoutés 500 millions d’euros en début d’année à l’occasion du plan France 2030. «Nous nous étions fixés l’objectif d’engendrer 500 startup Deeptech par an. On en est à 350, et ça continue de progresser», se félicite M. Dufourcq.
En revanche, les investisseurs privés restent en retrait, notamment à cause de retours sur investissements plus lointains que dans le numérique. Moins d’une dizaine de fonds sont spécialisés sur le secteur en France, contre une soixantaine aux Etats-Unis. «Un grand nombre de chercheurs sont aujourd’hui animés par l’envie de travailler sur des sujets aux impacts sociaux ou économiques forts», souligne Antoine Petit, président du CNRS et membre de France Deeptech, cité dans un communiqué.
Le CEA ou l’Institut Polytechnique de Paris font également partie des 120 premiers membres. L’organisation souhaite convaincre les pouvoirs publics d’assouplir le cadre réglementaire sur certains enjeux sanitaires et environnementaux (comme le développement de nouvelles molécules), faciliter l’installation de sites industriels et encourager la commande publique, sous peine de voir partir ces jeunes pousses à l’étranger.