L’application TousAntiCovid se réinvente pour le reconfinement

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Tracer, mais aussi informer et désormais donner accès aux attestations de déplacement: l’application mobile «TousAntiCovid», nouvelle mouture du dispositif de traçage boudé par les Français, s’adapte une nouvelle fois pour trouver son utilité pendant la crise sanitaire. L’application affichait jeudi 4,8 millions de téléchargements depuis début juin, et près de 2.000 personnes notifiées après une exposition prolongée à des utilisateurs positifs au coronavirus.Avec 2,1 millions de téléchargements une semaine après son lancement, la mise à jour «TousAntiCovid» peut se targuer d’une adoption doublée par rapport à la première version «StopCovid» qui n’avait séduit qu’un peu plus d’un million de Français 7 jours après son lancement. Selon la direction générale de la Santé, le nombre de désinstallations s’élève toutefois à 1,3 million, réduisant le nombre d’utilisateurs actifs à 3,5 millions. A titre de comparaison, les applications britanniques et allemandes, citées en exemple par le gouvernement français, ont été téléchargées respectivement 15 à 20 millions de fois. «Nous devons collectivement déployer beaucoup plus massivement l’application TousAntiCovid», a déclaré mercredi soir Emmanuel Macron, lors de l’annonce d’un nouveau confinement d’un mois en métropole, avec des règles toutefois moins strictes qu’au printemps. Une fois le pic épidémique passé, l’application fera partie intégrante de la stratégie de tests de dépistage et de traçage qui doit permettre de «tenir jusqu’au vaccin», espéré à l’été 2021. Mais comme la seule fonctionnalité de traçage, basée sur l’échange d’identifiants anonymes via la technologie Bluetooth, n’a pas suffit à susciter suffisamment de téléchargements, le gouvernement a entrepris d’ajouter plusieurs améliorations de forme et de contenu éditorial. Depuis le 22 octobre, TousAntiCovid propose ainsi en temps réel un fil d’actualités sur l’épidémie, ainsi que des chiffres sur l’utilisation de l’application afin de créer un effet d’entraînement et de motivation. Elle inclue également un lien vers l’attestation de déplacement dérogatoire, de nouveau nécessaire à partir de vendredi, et le gouvernement promet des mises à jour «tous les 15 jours», selon l’entourage du secrétaire d’État au numérique Cédric O. Les attestations de déplacement professionnel et pour les trajets scolaires pourront notamment, dès la semaine prochaine, être remplies directement dans l’application, a expliqué la même source. «Ce sera plus facile que d’aller chercher les attestations séparément sur chaque site» du gouvernement, a-t-elle ajouté, mais l’application, dont l’installation doit relever du volontariat, ne sera qu’»un moyen parmi d’autres d’y accéder». La fonctionnalité de traçage, désormais présentée comme «un geste barrière supplémentaire», restera utile à l’extérieur du domicile, dans les lieux de travail, les services publics et les restaurants d’entreprises, présente enfin le gouvernement. «Pour ceux qui continuent à travailler, pour réussir la sortie du confinement et rouvrir les bars et restaurants… en contrôlant la diffusion du virus, nous devons être encore plus nombreux» à utiliser l’application, a tweeté jeudi Cédric O. «Il y a une volonté très nette de jouer sur l’ambiguïté du nouveau nom», considère pour sa part le spécialiste de la sécurité informatique Baptiste Robert, opposant de la première heure à l’application. TousAntiCovid n’est selon lui qu’une «mise à jour mineure de StopCovid». «Le changement de nom, de logo et le rajout de différentes statistiques font qu’il y a eu un bond des téléchargements, mais les chiffres restent relativement faibles», a-t-il dit. Les systèmes de traçage sont accusés par certains défenseurs de la vie privée d’avoir une efficacité limitée contre l’épidémie, au prix d’un pas supplémentaire vers une société de surveillance.