LCP-AN : Bertrand Delais choisi pour diriger la chaîne parlementaire, dans un contexte tendu

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Le journaliste Bertrand Delais, critiqué par la gauche pour sa proximité avec Emmanuel Macron, a été choisi pour diriger la chaîne parlementaire LCP-AN, au détriment de la PDG sortante Marie-Eve Malouines, mise en cause pour sa gestion d’une affaire d’agression sexuelle. Bertrand Delais a été élu par le Bureau de l’Assemblée nationale – 13 voix pour, 7 contre – sur proposition du président de l’Assemblée (LREM) François de Rugy, après un long débat «très tendu», selon un député de l’opposition. «Toutes les oppositions ont voté contre (Delais, NDLR) et la macronie a fait bloc», a protesté l’Insoumise Clémentine Autain. «Ce choix est scandaleux. Il confirme le mépris de la macronie pour le pluralisme». Candidate à sa propre succession, Marie-Eve Malouines avait dû faire face début janvier à une motion de défiance de la rédaction qui lui reprochait d’avoir réintégré le présentateur de la chaîne, Frédéric Haziza, accusé d’agression sexuelle par une de ses collègues. Pour sa défense, la PDG de LCP-AN avait fait valoir que Frédéric Haziza, déjà sanctionné en interne par un avertissement et suspendu, ne pouvait pas être sanctionné une 2ème fois. Bertrand Delais, qui lui a été préféré, est spécialisé dans les sujets politiques. Il est notamment l’auteur de «En Marche vers l’Elysée» sur la campagne d’Emmanuel Macron, qui a été diffusé sur France 2. Son projet pour LCP, qui partage le canal 13 de la TNT avec Public Sénat, prévoit notamment la nomination de l’ancienne présentatrice d’«Envoyé Spécial» Guilaine Chenu au poste de directrice des contenus. François de Rugy a indiqué dans un communiqué de l’Assemblée qu’après avoir restauré «la confiance et la sérénité au sein de l’entreprise», «la nouvelle équipe de direction de la chaîne (…) aura la responsabilité de proposer une grille des programmes renouvelée, et d’engager les mutualisations indispensables avec Public Sénat, dans un contexte financier et budgétaire contraint». François de Rugy a rendu hommage à Marie-Eve Malouines «pour son travail au cours des 3 dernières années», «dans un contexte parfois difficile». «Bertrand Delais n’est pas simplement un sympathisant d’En marche, c’est un militant», comme en témoigne son compte Twitter où il «milite pour le président de la République et sa majorité et contre les autres familles politiques», a estimé pour sa part Clémentine Autain. Bertrand Delais tient également un blog sur le Huffington Post, où il qualifiait Emmanuel Macron en octobre 2017 de président «optimiste», «qui assume de rentrer dans l’histoire». «La nomination d’un hagiographe d’E. Macron à la tête de LCP en dit long sur ce pouvoir qui méthodiquement cherche à neutraliser tous les contre-pouvoirs», a tweeté de son côté Olivier Faure, le patron des députés PS. Le député de la majorité présidentielle Sylvain Waserman (MoDem) a insisté au contraire sur le fait que «Bertrand Delais a passé un processus de recrutement très rigoureux». Répondant aux accusations de Clémentine Autain, il a ajouté que «recevoir des leçons de «respect des médias» de la France Insoumise c’est comme si le Venezuela nous donnait des leçons de démocratie: ça laisse perplexe». Onze candidatures avaient été reçues par l’Assemblée et ont été examinées par un comité de sélection présidé par Hugues Renson (LREM). 5 candidats ont été auditionnés publiquement, 3 ont été retenus: Bertrand Delais, Marie-Eve Malouines, ex-chef du service politique de France Info et présidente de la chaîne parlementaire depuis 2015, et le journaliste Thierry Guerrier, ancien présentateur sur LCP-AN passé par Europe 1. A l’issue du processus de sélection, Bertrand Delais est arrivé en tête avec une note moyenne de 14,8/20 pour son projet stratégique et sa prestation orale, a indiqué l’Assemblée. Il prendra ses fonctions le vendredi 8 juin.