La mise en place mercredi à France Télévisions d’une organisation chargée de réfléchir à la transformation du groupe public en une entreprise unique suscite des inquiétudes en interne, notamment sur l’avenir de la rédaction nationale de France 3. Le président de France Télévisions Patrick de Carolis avait présenté le 6 février les grandes lignes de la transformation de France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, RFO), constituée d’une quarantaine de sociétés, en une entreprise «commune». La réforme est prévue par la loi sur l’audiovisuel public, adoptée au début du mois mais pas encore promulguée, qui supprime par ailleurs progressivement la publicité. Le groupe de 11 000 salariés s’est «fixé comme objectif à l’horizon 2012 de de devenir un média global» en maintenant notamment «ses ambitions en matière d’audience, et en améliorant ses performances économiques», rappelle la direction en interne. France Télévisions doit être scindée en sept grands domaines d’activité (programmes et information, réseaux régionaux, marketing et communication, administration de la production, technologies, gestion et activités commerciales). Sept directeurs de projet et une trentaine de coordonnateurs ont été nommés mercredi pour mener la réflexion sur ce vaste chantier. Les coordonnateurs, qui gardent leurs fonctions actuelles, doivent «préparer un schéma d’organisation et de fonctionnement dans un secteur donné et de dégager un plan d’actions dégageant des synergies», explique le groupe. Ils devront rendre une première copie d’ici fin mars-début avril. Bien que ne remettant pas en cause l’organisation actuelle, la mise en route du chantier alimente déjà l’inquiétude. A France 3, les syndicats et la Société des journalistes (SDJ) s’inquiètent surtout de la «séparation» de l’information nationale et de l’information régionale de la chaîne. Arlette Chabot, directrice générale adjointe chargée de l’information de France 2, a été nommée «coordonnatrice» de la réflexion sur les journaux nationaux et Jérôme Cathala, directeur régional de France 3 Sud, coordonnateur de «l’information de proximité». «Pourquoi cette séparation alors que l’originalité de France 3 réside dans la synergie entre l’info nationale et l’info de proximité?», s’interroge Jean-François Téaldi du SNJ-CGT. «Ce sont les régions qui fondent notre existence: on coupant ce lien organique, on pourra assimiler demain la rédaction nationale de France 3 à une super rédaction transversale de France Télévisions», s’inquiète Bertrand Boyer, de la SDJ de France 3 National. Le SNJ craint une «préfiguration des +news factory+, avec d’un côté une seule grande rédaction nationale travaillant pour toutes les éditions et de l’autre les rédactions régionales», explique Carole Petit.Interpellé sur le sujet mercredi lors d’un Comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire de France 3, M. de Carolis a néanmoins «répété qu’il n’y avait aucune volonté de fusion», a rapporté M. Téaldi. «On ne se fait aucune illusion: c’est une logique de fusion», a commenté Carole Petit. Les syndicats redoutent également une «remise en cause des conventions collectives» et la création d’un «statut unique du salarié». Dès la publication de la loi sur l’audiovisuel public, «que Carolis ne prévoit pas avant la mi-mars» selon M. Téaldi, s’ouvriront des négociations avec les syndicats sur la nouvelle organisation de l’entreprise et la mise en place des instances représentatives du personnel qui en découlera.