Le géant du shipping CMA CGM diversifie son empire en achetant BFMTV et RMC à Altice

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Coup de tonnerre dans les médias: l’armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé va racheter Altice Media, qui comprend BFMTV et RMC et appartient à Patrick Drahi, dont le groupe est lourdement endetté et empêtré dans un scandale de corruption. Cette annonce a pris tout le monde par surprise car Altice avait plusieurs fois démenti les rumeurs de vente de sa branche médias, récurrentes ces derniers mois. Elle fait franchir une marche à l’ambitieux Franco-Libanais Rodolphe Saadé et CMA CGM, qui bâtissent un empire médiatique alors qu’ils n’ont mis le pied dans le secteur qu’en 2022. Enrichi par la désorganisation des chaînes logistiques provoquée par la pandémie de Covid-19, le puissant armateur basé à Marseille détient déjà le journal La Tribune et le groupe La Provence (quotidiens régionaux La Provence et Corse Matin). Il a aussi des participations dans le groupe audiovisuel M6 et le média vidéo en ligne Brut. «Le groupe CMA CGM a signé ce jour une promesse d’achat avec le groupe Altice France en vue de l’acquisition de 100% du capital d’Altice Media», a indiqué l’acquéreur dans un communiqué. La transaction, 1,55 milliard d’euros en numéraire, «devrait être finalisée au cours de l’été», selon Altice. CMA CGM prendra 80% d’Altice Media, les 20% restants allant à la holding de M. Saadé, Merit France. 

«Désendettement» : «Cette cession s’inscrit dans la stratégie de désendettement» d’Altice, explique Franck Abihssira, du cabinet de conseil Emerton. Le groupe de M. Drahi a commencé à vendre des actifs pour alléger sa dette colossale, estimée à près de 60 milliards d’euros. Il conserve ses autres activités, l’opérateur télécoms SFR et de plus petites entreprises dans les technologies et télécoms. M. Abihssira juge «rassurant» pour BFMTV et RMC d’avoir M. Saadé comme acheteur, car son «groupe a engrangé un trésor de guerre qui lui permet de développer» ces médias. Pour les syndicats CGT et SNJ (Syndicat national des journalistes) d’Altice Media, «beaucoup de questions restent en suspens en attendant un CSE (comité social et économique, NDLR) extraordinaire la semaine prochaine en présence du futur actionnaire». Ils exigent «des engagements très fermes», notamment sur «le maintien des effectifs» et «le respect des termes d’une clause de cession». «On espère que la liberté éditoriale et les moyens de la rédaction resteront a minima les mêmes, voire s’amélioreront», a pour sa part déclaré François Pitrel, membre de la Société des journalistes (SDJ) de BFMTV.