Le groupe informatique français Atos désigne l’Américain Paul Saleh comme nouveau directeur général

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Englué dans une crise profonde, le groupe informatique français Atos a désigné lundi l’Américain Paul Saleh comme directeur général pour manoeuvrer l’entreprise endettée et engagée sur la voie d’une restructuration. Dans un communiqué, le groupe a fixé à son nouveau patron, précédemment directeur financier, sa feuille de route: il a «pour priorités le refinancement des dettes financières (…) et les négociations en cours ou à venir».

Depuis 2022, Atos est engagé sur la voie d’une scission en deux entités, Tech Foundations et Eviden, pour tenter de trouver des fonds face à une dette massive: le groupe doit rembourser ou refinancer 3,65 milliards d’euros d’emprunts et obligations venant à échéance d’ici fin 2025. Des négociations sont en cours depuis plusieurs mois concernant les activités historiques d’infogérance (Tech Foundations), qui pourraient être cédées au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.

Début janvier, Airbus et Atos ont officialisé l’intérêt du constructeur aéronautique pour les activités big data et sécurité (qui font partie d’Eviden). L’ancien directeur général Yves Bernaert, qui n’aura passé que trois mois en poste, a justifié son départ, dans le communiqué, par «une différence de point de vue sur la gouvernance» de l’entreprise, sans davantage de détails. Son départ survient alors qu’Atos a vu son président Bertrand Meunier céder sa place en octobre, face aux critiques visant le projet de scission. En interne, ces nouveaux soubresauts ont été froidement accueillis. «La question actuellement, c’est où va Atos à part vers un dépôt de bilan ?», a réagi un représentant syndical sous couvert d’anonymat. Il dénonce, avec la nomination de Paul Saleh, l’arrivée d’un «financier» dépourvu de vision industrielle. Atos a également réfuté lundi avoir demandé la désignation d’un mandataire judiciaire ou l’ouverture d’une procédure de conciliation, alors que des informations de presse évoquent ces possibilités.

Le groupe rappelle toutefois qu’il «se réserve le droit d’utiliser les mécanismes juridiques disponibles». Selon une source proche du dossier, des discussions avec les banques sont engagées sur la question des emprunts de l’entreprise. La même source a rappelé qu’une procédure de «due diligence» (examen détaillé des comptes) était engagée avec Airbus et précisé que les discussions devraient se prolonger jusqu’au mois de mars.

Au sujet de la cession de Tech Foundations à M. Kretinsky, dont les termes sont en train d’être renégociés, Atos a déjà prévenu n’avoir «aucune certitude» que ces discussions «aboutissent à un accord».