Le Kirghizstan veut fermer le média «Kloop» financé par des ONG américaines

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Un tribunal au Kirghizstan a annoncé lundi avoir reçu une plainte du parquet pour fermer le média «Kloop» financé par des ONG américaines et accusé de discréditer les autorités de cet allié de la Russie en Asie centrale.

«Nous avons reçu une plainte du procureur de Bichkek sur la liquidation de la fondation publique Kloop.Media», a indiqué un porte-parole d’un tribunal de la capitale, Bichkek. Principalement financé par des ONG américaines, Kloop est accusé d’avoir «mis en oeuvre des activités dépassant le cadre prévu par sa charte», d’après lui.

Le porte-parole a confirmé l’authenticité de la plainte datée du 22 août et publiée par le média en ligne sur son site. Le procureur a lui simplement déclaré que l’enquête était entre les mains des services secrets kirghiz (GKNB).

Dans un entretien accordé fin août à l’agence kirghize Kabar, le président Sadyr Japarov avait critiqué les «soi-disant journalistes de Kloop» qui «n’apportent que du mal et aucun bien au Kirghizstan», les prévenant que cela ne pouvait continuer.

D’après la plainte, les publications du site «ont pour objectif de critiquer vivement la politique menée par le pouvoir actuel», une «majorité d’entre elles» étant «purement négatives» et ayant «pour but de discréditerles représentants des organes gouvernementaux et locaux».Les articles cités en exemple sont principalement en lien avec les élections, les tensions frontalières avec le Tadjikistan ou accusés d’être anti-russes.

La plainte indique que le GKNB avait ouvert en 2021 une procédure préalable au procès «selon la conclusion d’une expertise psychiatrique» pour «appels à mener un coup d’Etat»,  avec des publications voulant manipuler l’opinion publique et miner la confiance de la population envers son gouvernement.

Elle intervient quelques semaines après un cas similaire, le gouvernement ayant demandé la fermeture de la branche locale de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), le principal média non étatique kirghiz, financé par les Etats-Unis, une décision finalement annulée après un accord à l’amiable.

En Asie centrale, où la liberté d’expression est strictement encadrée, le Kirghizstan apparaît comme une exception et bénéficie d’un relatif pluralisme médiatique et politique.

Mais des ONG dénoncent régulièrement des pressions croissantes et le pays a chuté en un an de la 72ème à la 122ème place (sur 180) au classement 2023 de Reporters sans frontière sur la liberté de la presse.