De la première matinale radio de France, qu’elle va quitter, au 20H00 de France 2, qu’elle présentera à la rentrée, Léa Salamé est l’une des stars du paysage audiovisuel, dont le style direct et spontané suscite des avis tranchés. «Elle est une journaliste d’exception, une travailleuse acharnée, la meilleure intervieweuse qui soit», juge Nicolas Demorand, aux côtés duquel elle anime la matinale de France Inter depuis 2017. «Son spectre est large, sa définition de l’actualité aussi, de la politique à la culture en passant par le débat d’idées (…). Et elle est mon amie la plus chère», insiste-t-il. Nicolas Demorand avait déjà chanté les louanges de son équipière en mars dans le livre «Intérieur nuit», où il dévoilait être bipolaire: «Je l’admire, je la respecte. Notre entente est intellectuelle, professionnelle, personnelle». C’est ce duo de radio qui a installé la Franco-libanaise de 45 ans comme une valeur sûre du journalisme audiovisuel. Après un début de carrière à France 24 et iTélé (devenue CNews en 2017), le grand public a découvert sa personnalité solaire et ses grands yeux cernés de noir quand elle était chroniqueuse dans l’émission télé «On n’est pas couché» de Laurent Ruquier sur France 2, entre 2014 et 2016. «La présentation du 20H00, c’est le bon moment pour elle», a réagi M. Ruquier. «Léa mérite ce poste parce qu’elle est brillante, a le journalisme ancré en elle». Léa Salamé (Hala, de son vrai prénom) est née à Beyrouth en 1979 dans un milieu aisé. Son père, Ghassan Salamé, est l’actuel ministre de la Culture du Liban, après l’avoir déjà été entre 2000 et 2003. Elle est arrivée en France enfant avec sa famille, pour fuir la guerre du Liban. «Tout ce que je suis, mes origines, l’histoire de ma famille – du génocide arménien dans ma famille maternelle aux guerres du Proche-Orient de mon enfance (…) – je me suis battue contre les haines entre les peuples et entre les religions», avait-elle lancé fin mai dans «Quelle époque!», son talk-show du samedi soir sur France 2. Elle répondait à une polémique née quinze jours plus tôt, quand Thierry Ardisson avait fait à son micro un parallèle entre Gaza, bombardé par Israël, et le camp d’extermination nazi d’Auschwitz. Cette polémique faisait écho à des propos que Léa Salamé avait tenus deux ans plus tôt pour définir son style, et qui lui avaient valu des critiques. «Pour moi, un bon journaliste, c’est quelqu’un qui va faire un moment, où il va se passer un truc», disait-elle au média en ligne Konbini en 2023. «Mon obsession (…), c’est pas d’aller chercher, déceler la vérité, c’est qu’il y ait un moment, et que l’auditeur soit surpris.» Ce type de «moment», elle l’a vécu puissance mille en 2018 avec M. Demorand, quand Nicolas Hulot leur avait annoncé en direct qu’il quittait son poste de ministre de la Transition écologique. «Vous êtes sérieux, là?», avait lâché la journaliste, stupéfaite. Après coup, elle avait qualifié cette séquence de «moment de grâce», ce qui lui avait valu des railleries. Sa spontanéité a pu lui jouer des tours. En avril 2024 dans «Quelle époque!», elle avait rétorqué «Vous êtes devenu chiant» au réalisateur Artus, en plaisantant sur le fait qu’il ait arrêté de boire et de fumer. De nombreux téléspectateurs avaient protesté. Côté privé, Léa Salamé est la compagne de l’eurodéputé et leader de Place Publique Raphaël Glucksmann, avec qui elle a un fils. M. Glucksmann figure parmi les candidats potentiels de la gauche pour la présidentielle de 2027, ce qui devrait conduire sa conjointe à se mettre en retrait des sujets politiques sur France 2 s’il se lançait effectivement.
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